Les New Orleans Pelicans vont-il se décider à appuyer sur le bouton rouge ?

Zion Williamson, le problème et la solution des Pelicans ?
Zion Williamson, le problème et la solution des Pelicans ?Photo par CHRIS GRAYTHEN GETTY IMAGES NORTH AMERICA GETTY IMAGES VIA AFP

Derniers de la conférence ouest, les New Orleans Pelicans n'ont pas réussi à faire fructifier le projet Zion Williamson, et semblent dans une impasse. L'heure de la fin semble avoir sonné pour cette équipe, mais les dirigeants oseront-ils franchir le pas ?

En 2019, les New Orleans Pelicans touchaient le gros lot en décrochant le first pick de la draft. Mais pas n'importe quelle draft, celle incluant l'un des 5 prospects les plus attendus du XXIᵉ siècle : Zion Williamson. Le genre de draft où l'on ne réfléchit pas à deux fois au moment de sélectionner avec le premier choix. 

Mais surtout, cela permettait de tourner une page dans l'histoire de cette jeune franchise. Sept ans après l'avoir drafté, les Pels se séparaient d'Anthony Davis, first pick de la draft 2012, mais avec qui ils n'ont jamais réussi à construire une équipe capable de jouer les premiers rôles en playoffs (une seule série remportée en sept ans). 

Six ans plus tard, la franchise est exactement au même point. Un leader talentueux mais fragile, autour de qui il est donc difficile de construire. Et fatalement une équipe sans réelle direction, qui ne semble avoir aucun avenir. D'où une question simple : n'est-il pas temps de tout écrouler pour reconstruire encore une fois ?

Les blessures n'excusent pas tout

Les Pelicans ont fait une erreur classique au moment de la draft de Zion Williamson : ils se sont enflammés, et ont fait part de leur volonté de construire une équipe pour viser le titre. Or, en évoluant dans la plus dure des deux conférences, c'est se tirer une balle dans le pied, à fortiori en pleine dynastie des Warriors. Pourtant, avec tous les assets récupérés dans le trade d'Anthony Davis, les Brandon Ingram, Josh Hart, Lonzo Ball (aucun ne joue encore pour les Pels), il y avait de quoi faire une équipe "compétitive". Et c'est bien ce que devait être l'objectif. 

Depuis cette époque, la NBA fait la part belle aux équipes construites patiemment, pierre par pierre, jusqu'à arriver à maturité. Le Thunder en est le dernier exemple en date. Mais avoir un joueur aussi attendu dans son effectif, cela fait perdre le sens des réalités. Pourtant, c'était une chance pour New Orleans, un des plus petits marchés de la NBA, d'avoir un joueur aussi médiatisé. 

Toujours un maximum de blessures pour Zion.
Toujours un maximum de blessures pour Zion.Flashscore

Six ans plus tard, le bilan est lourd, mais dans le mauvais sens. Zion Williamson n'a réalisé que deux saisons à plus de 30 matchs (!), les Pels ne sont allés que deux fois en playoffs, et sont sortis à chaque fois au premier tour. Certes, l'équipe n'a clairement pas été épargnée par les blessures, mais le résultat est là : cette saison, alors que les ambitions étaient grandes, l'équipe n'a gagné que trois de ses 25 matchs.

Et clairement, le dossier Zion Williamson est toujours au centre de l'actualité. Comme un poison, qui est dans le même temps le remède. Sa fragilité était connue, et c'était un risque que New Orleans était prêt à prendre lors de sa draft. La dernière apparition des Pels en playoffs remonte à la saison 2023/2024, la dernière durant laquelle son leader a réalisé une saison quasi complète (69 matchs)… avant de se blesser lors du play-in. 

Un brin de lumière

Depuis ? Une mascarade. 21 victoires la saison passée, et l'actuelle qui prend le même chemin, en pire. Et un Zion encore blessé actuellement, sans qu'on sache réellement quand on le reverra. Il ne semble y avoir aucune issue, et ce alors que, avec plus de 189 millions de $, les Pelicans possèdent la 16ème masse salariale de la NBA… juste devant le Thunder !

Dont 100 millions pour le trio Zion Williamson - Jordan Poole - DeJounte Murray. Le premier et le troisième sont blessés lourdement, le deuxième semble déjà avoir atteint son plafond. Pourtant, les Pels ont énormément de joueurs prometteurs, qui se signalent d'ailleurs favorablement en l'absence de leurs leaders. 

En tête d'affiche, Trey Murphy III, qui a tenu la baraque la saison passée, celle de sa révélation. Herb Jones, lui aussi touché par les blessures, mais qui compte déjà une sélection en NBA All-Defensive First Team, signe de son énorme qualité. Mais aussi, des rookies incroyablement excitants, tels que Jeremiah Fears, et surtout Derik Queen, qui vient d'inscrire son nom dans les livres d'histoire lors du dernier match, conséquence d'un début de saison des plus intéressants.  

Quatre joueurs, c'est un noyau, auquel on peut rajouter des role players intéressants, tels que Jose Alvarado ou Jordan Hawkins. Une reconstruction ne partirait donc pas de nulle part. Mais les dirigeants ont-ils vraiment cette volonté ?

Il faut prendre des risques

On en doute, quand on sait que pour avoir Derik Queen (en 13e place à la draft), le management est allé jusqu'à sacrifier le first pick de la draft 2026. Et puisque la saison s'annonce hideuse, ce pick pourrait bien monter très haut, voire jusqu'à la première place, dans une cuvée qualifiée d'intéressante par la plupart des observateurs. Ainsi, la première étape d'une reconstruction a déjà été sabordée, ce qui fausse fatalement le jugement. 

Mais d'autres facteurs entrent en ligne de compte. Comme précité, New Orleans est un petit marché, qui a difficilement réussi à s'implanter en NBA. Le Smoothie King Center est la plus petite salle de la NBA, la seule en dessous de 17 000 places (16 867 exactement), qui peut toutefois monter jusqu'à 18 500 pour les matchs de playoffs (allez comprendre la logique).

Et New Orleans est une des plus petites villes à disposer d'une équipe NBA (il n'y a qu'Orlando et Salt Lake City derrière). Avec en prime la concurrence d'une franchise de NFL, les Saints, qui ont remporté le Super Bowl en 2009, et qui attirent 70 000 spectateurs de moyenne, la crainte de perdre en intérêt en cas de trade de Zion Williamson et d'éclatement de la franchise est réelle et semble scléroser les actions du front office

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Seulement, il faut aussi s'inspirer de ce qu'il se passe ailleurs. En bien, comme en mal. Une franchise mythique comme les Chicago Bulls hésite à faire une véritable reconstruction depuis des années, et végète dans le ventre mou pour ne pas faire de choix. Une franchise, ironiquement, citée comme un possible candidat pour accueillir Zion Williamson

L'ancienne star de Duke a offert aux Pelicans une première opportunité de reconstruction. Six ans plus tard, on peut affirmer sans coup férir qu'elle est ratée. S'ils ne sont pas trop gourmands, ils pourraient bien avoir une deuxième chance de repartir à zéro. Sans joueur clairement catalogué comme une future star, mais avec une base intéressante sur laquelle construire. Et en espérant ne pas reproduire les erreurs du passé...