C'est une des équipes marquantes de la décennie 2010. Les Houston Rockets ont eu le malheur de tomber en pleine dynastie des Warriors, ce qui leur avait interdit l'accès aux finales NBA malgré deux finales de conférence (2015 et 2018). Une réussite qui portait principalement un nom : James Harden.
Débarqué du Thunder en 2012 pour devenir le franchise player officiel des fusées, "The Beard" a rempli sa mission. Des saisons de haut niveau, un titre de MVP en 2018, et ces deux finales de conférence, un niveau que Houston n'avait plus atteint depuis 1997. Mais le titre tant convoité n'est pas arrivé, et l'aventure s'est finie de façon moyenne en janvier 2021.
Comme il est de coutume dans le cas où une équipe perd son franchise player, les Rockets ont alors été contraints de passer par la case reconstruction. Avec 4 premiers tours de draft (3 des nets et un des Bucks) et quatre possibilités de swap avec les Nets, il y avait largement de quoi faire. Et cela permettait de reconstruire avec des picks, les leurs ayant été absorbés dans le trade de Russell Westbrook en 2019 (un échec magistral, mais c'est un autre sujet).
Quatre ans plus tard, les Rockets sont de fiers deuxièmes de la Conférence Ouest. Depuis des années, on glorifie le Thunder pour être un modèle de reconstruction. Il faut dire que depuis l'explosion du duo Westbrook - Paul George en 2019, le fonctionnement de la franchise d'Oklahoma City a été scruté de près, et l'ascension tel un métronome du Thunder va sans doute lui permettre de terminer en tête de l'Ouest pour la deuxième saison d'affilée.
Un succès qui fait passer celui des Rockets au second plan. Alors qu'on peut largement placer ces deux équipes dans la même catégorie : celle des reconstructions incroyablement réussies. Trois saisons en dessous, et déjà, lors du dernier exercice, un bilan à 50% de victoires extrêmement prometteur. Mais néanmoins, dans une conférence Ouest toujours plus concurrentielle, on ignorait où exactement positionner Houston en début de saison.
On a la réponse : les Rockets sont en lice pour une place sur le podium de l'Ouest. Si OKC semble promis au first seed, Houston est largement en mesure d'aller chercher la deuxième place - et donc l'avantage du terrain jusqu'à une éventuelle finale de conférence qui va avec - puisque seuls les Grizzlies parviennent à suivre leur rythme jusqu'ici. Cela tombe bien, les deux équipes vont s'affronter la nuit prochaine dans le Tennessee.
Mais d'une certaine manière, les Rockets sont en terrain conquis, ayant remporté les trois confrontations directes cette saison, ce qui leur garantit le tiebreaker. Une manière de prouver que dans les affrontements avec les grosses cylindrées, Houston répond présent. Comme ce fut le cas dans la nuit de lundi à mardi sur le parquet des Boston Celtics, les champions en titre.
Si beaucoup ne retiennent que le game winner signé Amen Thompson, les Rockets ont regardé les Rois actuels de la NBA les yeux dans les yeux. Une prestation qui montre également leur capacité d'adaptation, puisque les deux équipes s'étaient croisées trois semaines auparavant dans le Texas, et Houston avait reçu une volée de bois vert. Mais cette fois, au-delà de la revanche, le fait de faire tomber un cador prouve que cette équipe est au niveau, comme le prouve son bilan de 8-3 contre les autres équipes du Top 3 de chaque conférence cette saison !
Fort de ce bilan, quelle est la limite pour cette équipe ? Le cinq de départ Fred VanVleet - Jalen Green - Dillon Brooks - Jabari Smith Jr - Alperen Sengün est sur le papier très solide, mais l'innovation - forcée - a été apportée récemment avec la présence dans le starting five d'Amen Thompson, du fait de la fracture de la main subie par Jabari Smith Jr. Résultat ? 10 victoires pour trois défaites dans cette configuration, et une magnifique impression visuelle.
"Ce n'est qu'une victoire" tempérait Ime Udoka après avoir battu son ancien employeur. Néanmoins, le voilà désormais grand favori pour le titre de Coach Of the Year. Individuellement, Sengün devrait être all-star, et si Amen Thompson retourne sur le banc, il sera sans nul doute un des favoris au trophée au 6th Men Of the Year. Mais quid du collectif ? Qu'en est-il d'un éventuel run en playoffs ?
L'argument du manque d'expérience n'en est pas un, comme l'ont prouvé les Pacers pas plus tard que la saison dernière. Mais on le sait, l'Ouest est une jungle, et les Mavericks en sont sortis rincés pour venir se fracasser sur des Celtics frais la saison passée. Les Rockets ont néanmoins un effectif profond, une pointe d'expérience, et des joueurs qui aiment le combat. Suffisant ?
L'objectif d'une reconstruction, c'est de gagner le titre, où tout de moins de construire une équipe en mesure de. Sur ce point-là, Houston est quasiment arrivé à destination en quatre ans, sans doute bien plus tôt que prévu. Et c'est là une chance unique : les Rockets ne sont pas "obligés" de gagner cette saison. Ce qui explique peut-être leur réussite, mais ce qui peut possiblement leur conférer un avantage certain pour les playoffs. Beaucoup de choses (blessures, baisses de forme...) peuvent encore arriver d'ici la postseason, mais une chose est sûre : en quatre ans, Houston est redevenu une équipe qui compte, et la performance mérité d'être saluée.