On n'en revient toujours pas. Luka Dončić a quitté les Dallas Mavericks, transféré par sa franchise. Une issue improbable, qui voit le génie slovène atterrir aux Los Angeles Lakers. Dans le même temps, Anthony Davis prend la direction du Texas en tant que contrepartie principale. Une véritable onde de choc en NBA.

Passé la surprise, on peut se plonger tête baissée sur les suites de cet échange. Le duo Dončić - LeBron James fait forcément saliver sur le papier. En face Davis formera une paire extérieur - intérieur très intéressante avec Kyrie Irving. Il faudra attendre pour savoir qui est véritablement gagnant dans ce trade, mais en attendant, il soulève beaucoup de questions.
Luka Dončić + LeBron James, forcément fonctionnel ?
Deux anomalies du basket, deux joueurs ultra complets, voilà de quoi faire rêver les fans des Lakers, et pas que. Le King a beau être en fin de carrière, il tourne encore en 24 points / 9.1 passes / 7.6 rebonds et, alors qu'il vient d'avoir 40 ans, reste le moteur des Lakers. Mais un point attire l'attention.
LeBron James est 5e du classement du plus grand nombre de triple doubles en carrière avec 121 occurrences, et va devoir cohabiter avec Dončić, qui est lui 7e de ce classement (80). La principale question qui découle de ces chiffres est de savoir si ces deux joueurs pourront cohabiter. Le moment de se pencher sur l'usage rate, soit le pourcentage des possessions d'une équipe qu'un joueur utilise lorsqu'il est sur le terrain.

Luka Dončić a le troisième usage rate de la NBA, et LeBron James le 9e. Ce qui veut dire que les deux joueurs ont la balle en main plus que de raison, et qu'il va donc falloir la partager. Récemment, James a déjà tenté de cohabiter avec un joueur porteur d'un usage rate élevé, en la personne de Russell Westbrook. Un échec en tous points, qui a fini par forcer le staff à placer le MVP 2017 en sortie de banc pour équilibrer le jeu. Ce qui n'arrivera évidemment pas avec le Slovène.
Bien évidemment, l'aspect défensif est également source d'inquiétude. Dončić est toujours considéré comme un défenseur peu habile, et à 40 ans, le King n'est plus une référence en ce domaine. Mais la charge reviendra au staff de composer un starting five capable de s'équilibrer défensivement... ou alors d'assumer que cette partie du jeu sera négligée pour se concentrer sur le potentiel offensif de cette association.
Kyrie Irving + Anthony Davis, complémentarité évidente ?
Moins clinquante sur le papier, cette nouvelle paire fait néanmoins sens, de façon logique puisqu'elle est constituée d'un extérieur et d'un intérieur. Mais passé cette lapalissade, les Mavs récupèrent un poste 4 parmi les meilleurs de la ligue, et lui-même reconnait qu'il est meilleur à ce poste qu'en pivot. Cela tombe bien, il sera logiquement associé à Daniel Gafford, un pivot qui est un joueur de l'ombre, qui se nourrit de ce qu'on veut bien lui donner, et qui devrait se cantonner aux tâches ingrates pour laisser AD gérer à sa guise.
Défensivement, les Mavs vont récupérer une ancre dans ce domaine. Anthony Davis a déjà été finaliste du Defensive Player Of the Year, trois fois NBA All-Defensive First Team (et deux fois Second Team), trois fois meilleur contreur de la NBA. Son impact était toutefois discutable cette saison, mais lors de son passage aux Lakers, il a clairement montré son talent dans ce domaine, et les Mavs, 13e offensive rating de la saison, sauront en profiter.

En ce qui concerne Kyrie, il va donc devenir le ball handler principal des Mavs. Si son association avec Luka Magic était assez efficace en raison de son immense talent en jeu off ball, on l'a déjà vu évoluer meneur de jeu et les résultats individuels étaient là. Par exemple, 5 de ses 6 matchs en carrière à au moins 50 points ont eu lieu dans cette configuration. Mais en ce qui concerne son association avec AD, les voyants sont au vert.
Bien qu'ayant joué longtemps avec LeBron puis Dončić, il tourne à 5.6 passes de moyenne en carrière, et surtout, il n'a sans doute jamais eu un intérieur aussi fort à servir. Le pick'n'roll devrait donc devenir commun dans le Texas, et avec deux joueurs aussi fort, la moyenne de points sur demi-terrain devrait augmenter.
Succès possible pour Dončić loin de Dallas ?
Comme dit précédemment, Luka Dončić a besoin du ballon. C'est en tant que ball handler principal qu'il brille, et il va donc devoir apprendre à partager. Mais au-delà de ce constat, jamais le Slovène n'a joué avec un coéquipier aussi prestigieux. Aujourd'hui, il est plus fort que LeBron James, mais pas plus connu ou plus réputé.
À Dallas, Luka Magic faisait la pluie et le beau temps. L'équipe était bâtie pour lui, et autour de lui. Charge à lui de faire vivre l'attaque, et de porter offensivement son équipe. Pour preuve, le bilan de 8 victoires pour 11 défaites depuis sa blessure au mollet en décembre, mais aussi l'offensive rating qu'il développe sur le terrain.

Mais bien évidemment, Dončić n'a pour l'instant jamais joué autrepart que Dallas en NBA. Et il va devoir avant tout digérer ce transfert totalement inattendu. Aucun joueur du trade n'était au courant, et en tant que pièce principale, il semble qu'il ait mal vécu la situation. La folie autour de lui à Dallas va être multipliée par deux, ou trois, ou 10. Les lumières brillent plus à Los Angeles qu'ailleurs, un obstacle ?
Probablement pas. Une fois la déception évacuée (jamais il n'a envisagé quitter Dallas, mais ainsi est faite la NBA), il sera sans nul doute prêt. Jeune star, débutant en pro à 16 ans avec le Real Madrid, il n'a jamais eu peur de la pression et répond aux attentes depuis son arrivée en NBA. Le fait d'embrasser cette pression ne sera pas un problème pour Luka Magic.
Mavs et Lakers candidats au titre ?
Cet échange rebat possiblement les cartes. Les Mavs ont sans doute gagné une équipe plus complémentaire, plus équilibrée, et solide... sur le papier. Le fait est que ses deux stars ont dépassé la trentaine, sont souvent touchées par les blessures, un point non négligeable surtout avec Klay Thompson lui aussi malheureux dans ce domaine. Mais indiscutablement, défensivement, cela pourrait être très important, surtout en playoffs.
Les Lakers, eux, ont désormais deux des plus grosses stars de la NBA, logique pour un des plus gros marchés de la ligue. Économiquement, ce trade est une aubaine pour les Purple & Gold. Les ventes de place, de maillots, les produits dérivés, tous les indicateurs vont être à la hausse. L'association Luka + LeBron est également un cadeau du ciel pour la NBA, dont les audiences étaient quelque peu sur un fil depuis quelques temps, et nul doute que la ligue saura mettre en avant le duo dès que le Slovène sera prêt.
Mais sportivement... il reste jusqu'à ce jeudi soir 21h00 pour ajuster son effectif avant la trade deadline. Les Lakers ont désormais de gros manques en défense, qu'il va falloir compenser, car en l'état, le starting five risque de prendre l'eau défensivement, et pas certain que le talent offensif de ses deux stars suffise à compenser à tous les coups. Dallas a moins la pression, le cinq a de l'allure. Globalement, ces deux équipes ont largement les moyens de finir dans le Top 6 et de se qualifier directement en playoffs.
Pour le titre en revanche, les Lakers et les Mavs ne pourront pas se permettre de perdre une de leurs deux stars en postseason, sous peine de désillusion. Ces dernières années, ce sont des équipes construites et matûrées, qui ont parfois pris un risque, mais pas aussi important que celui-ci, qui sont allées au bout.
Le dernier exemple de trade quelques mois avant les playoffs 2019 ayant débouché sur un titre, ce sont les Raptors 2019. Et encore, l'arrivée de Marc Gasol n'avait rien à voir avec ce trade en terme de standing. Le risque est énorme, et ne sera payant qu'avec à minima une finale au bout. On a du mal à voir Lakers et Mavs dominer le Thunder, les Rockets ou même les Nuggets dans cette Conférence Ouest tellement compétitive. Mais on ne demande qu'à avoir tort...
