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Le départ de Karl-Anthony Towns a fait plus de mal que prévu aux Minnesota Timberwolves

Anthony Edwards et les Wolves à l'aube d'une saison catastrophe ?
Anthony Edwards et les Wolves à l'aube d'une saison catastrophe ?Michael Reaves/Getty Images via AFP
Alors que les Minnesota Timberwolves sont finalistes en titre de la Conférence Ouest, ils ont sacrifié Karl-Anthony Towns pour des raisons principalement financières. Mais les conséquences sportives, plus d'un mois après le début de la saison, peuvent être désormais être analysées, et le bilan est tout sauf positif.

"Que voulez-vous savoir, pourquoi on est nuls ?" C'est par ces mots qu'un certain Anthony Edwards a entamé la conférence de presse après la défaite des Minnesota Timberwolves contre les Kings, la quatrième d'affilée et la septième sur les neuf derniers matchs. Les voilà 12e de la toujours redoutable conférence ouest, avec 8 victoires pour 10 défaites. 

Pourtant, cette équipe sort d'une saison d'une qualité incroyable. Moquée à l'été 2022 pour avoir pris un risque énorme en sacrifiant quantité de tours de draft pour ramener Rudy Gobert. Deux ans plus tard, le résultat a été une finale de conférence, la première de la franchise depuis 20 ans et l'ère Kevin Garnett. De quoi augurer de lendemains qui chantent. 

Mais en NBA, business is business. Et la surprise fut important à un mois du début de la saison quand le fameux Shams Charania, désormais principal insider NBA, a révélé le trade du joueur absolument adoré de toute la franchise, et même de tout Minneapolis : Karl-Anthony Towns, qui a pris la direction de New York pour jouer avec les Knicks. 

Un trade qui a forcément provoqué la stupéfaction. Pourquoi diable une équipe comme Minnesota, qui a construit méthodiquement son équipe pour viser les sommets, et qui était proche de les atteindre, allait-elle transférer son n°2, qui était aussi son emblème, puisque drafté en n°1 en 2015 et fidèle à l'équipe, à la ville, à la communauté depuis ? La raison avancée a été principalement financière. 

Le salaire de Towns, déjà important, allait atteindre plus de 60 millions dans deux ans. Ainsi, en récupérant Julius Randle et Donte DiVincenzo, les Wolves se sont offert une belle économie, s'assurant de rester sous le fameux 2nd Apron (et ainsi éviter des pénalités trop importantes) en plus de se laisser de la marge pour re-signer Naz Reid, 6th Men Of the Year la saison passée, largement considéré comme le futur de la franchise - avec Edwards bien évidemment.

Des calculs d'apothicaire, mais la dimension sportive a-t-elle seulement été considérée ? Perdre Towns, c'est perdre une qualité de spacing incroyable, voir unique dans la NBA actuelle où le trois points règne. Et si ses faiblesses en défense sont connues de tous, les Wolves l'avaient associé à Gobert pour limiter cet état de fait. Le tout avec un risque énorme pris en 2022 donc, et eclaté en mille morceaux alors qu'il commençait à porter ses fruits en deux saisons seulement. Au grand dam de l'intéressé... 

Malheureusement, les conséquences sportives de ce trade commencent à se voir. Après un mois et 18 matchs, on peut tirer un premier bilan, et il n'est pas beau à voir. Meilleur defensive rating la saison passée, les Wolves ont glissé à la 12e place (de 108.4 à 112.1), un comble. La réussite à trois points a chuté de 1.7%, alors même que le nombre rentré par matchs a augmenté de 2.5 ! Une incohérence qui démontre que l'attaque ne tourne pas rond, l'offensive rating ayant baissé de 1.6 points. 

Ça, c'est pour la partie statistique. Mais il y a aussi l'impression sur le terrain. Et clairement, maintenant que Anthony Edwards est n°1 sans véritable lieutenant du niveau de Towns, tout dépend de lui. Et ce n'est pas nécessairement une bonne chose. Certes, les indicateurs sont au vert pour lui, puisque les moyennes sont en hausse. Et il a fait admirer de plus une belle régularité avec un seul match à moins de 20 points cette saison. Le tout sans oublier de faire le show. 

Problème, collectivement, ça coince. Les recrues ne se sont absolument pas fondues dans le système de jeu de Chris Finch. Randle n'amène pas les mêmes garanties en terme de spacing, et la complémentarité avec Gobert, testée plusieurs fois, ne saute pas aux yeux. Quand à DiVincenzo, qui avait tout de la bonne affaire sur le papier après une saison enthousiasmante chez les Knicks, et alors qu'il a le champ libre en sortie de banc, il est à des années-lumière de son niveau supposé. 

Et comme si ça ne suffisait pas, en coulisses, la situation est également tendue. Depuis le début d'année, un différend oppose le propriétaire, Glen Taylor, à un groupe d'acheteurs supposés menés par Marc Lore et l'ancienne star de la MLB Alex Rodriguez. Pour faire simple, le premier avait mis en vente la franchise ( et celle de WNBA du Lynx par la même occasion), les deux suivants voulaient l'acheter et ont fait une offre avec une option qui a expiré selon Taylor (qui ne souhaite désormais plus vendre) ou pas selon Lore / Rodriguez. Le dossier est en cours d'arbitrage, et le verdict pourrait être rendu prochainement. 

Bien sûr, il existe encore des raisons de croire que la saison peut encore déboucher sur un parcours de qualité. Anthony Edwards est la principale, le rookie Rob Dillingham s'est montré extrêmement prometteur, Naz Reid reste une belle arme en sortie de banc, Jaden McDaniels demeure un défenseur redoutable sur l'homme, et bien évidemment, avec encore 64 matchs à jouer, Minnesota peut largement se refaire la cerise. 

Du lourd à venir.
Du lourd à venir.Flashscore.

Mais avec les déclarations de leur franchise player en sortie de défaite - "On est dans nos bulles et on s’éloigne les uns des autres. C’est logique, on peut le voir, je peux le voir, l’équipe peut le voir, les coachs peuvent le voir. Les fans… nous huent. C’est… fou. On se fait huer dans notre propre salle." - cela commence à faire beaucoup. Situation sportive inquiétante, distorsions dans le vestiaire, désamour des fans, bataille pour la possession de la franchise en coulisses, un cocktail sacrément explosif. De quoi couper des têtes ? 

À partir du 15 décembre, Randle et DiVincenzo pourront être transférés. Forcément, le premier est une cible toute désignée, coupable de n'avoir pas su remplacer KAT, trop important dans le coeur des fans de toute façon, mais contre quoi ? Pas un gros joueur avec un gros contrat, ce n'aurait aucun sens. Un autre ailier fort complémentaire avec Gobert ? On cherche toujours un nom. Le deuxième devrait être conservé, mais un problème majeur n'a pas été abordé. 

Ce problème, c'est tout simplement la conférence Ouest elle-même. Il y a 12 équipes qui visent clairement les playoffs (Blazers, Jazz et Pelicans, pour des raisons diverses, ne sont pas un danger), et pour l'instant, les Wolves sont la plus mauvaise de ces 12 équipes. Cette concurrence pourrait emmener la direction, le management, le front office, peu importe, à prendre des décisions drastiques. 

Comme virer son coach par exemple. Ce qui serait bien sûr dramatique en terme sportif, mais comme dit précédemment, business is business, et la décision prise fin septembre n'a sans doute pas fini d'avoir des conséquences. Pour l'instant, le trade de Karl-Anthony Towns est un sacré échec. À voir si ce sera toujours le cas en fin de saison...