Comme tous les ans, 24 joueurs seront sélectionnés au NBA All-Star Game, qui aura lieu le 16 février à la San Francisco Bay Arena, salle des Golden State Warriors. Mais cette fois, pas d'affrontement entre deux équipes : elles seront 4, trois avec 8 des All-Star sélectionnés, et la quatrième sera celle qui a remporté le Rising Stars Challenge deux jours auparavant (on attend toujours de connaître le format de ce dernier).
Les trois équipes de All-Stars seront coachées par les anciens grands noms de la NBA et aux manettes de l'émission Inside the NBA sur la chaîne TNT (qui sera transferée sur ESPN la saison prochaine sans qu'on sache véritablement si ses présentateurs resteront dans le bateau, ce qui laisse à penser que ceci est un "cadeau" de la NBA) : Shaquille O'Neal, Charles Barkley et Kenny Smith. L'ancienne icône de la WNBA Candace Parker sera elle en charge de la team rookies.
D'où une question qui déborde de logique : pourquoi ?
Depuis de très (trop) nombreuses années, le All-Star Game est en énorme perte de vitesse. Des matchs sans l'ombre d'une pointe d'intensité, avec 0 défense, un concours de trois points sur 48 minutes, des scores innommables (barre des 400 points en cumulé franchie en 2024). La NBA a réagi après l'édition 2017. Mais chaque année est un coup de pelle de plus dans le trou qui accueille le cercueil du All-Star Game.

10.3 millions de téléspectateurs aux USA en 2003, 5.5 en 2024 (et encore, 2023 avait été le plus mauvais chiffre avec moins de 5 millions pour la première fois). Chaque année depuis 2017, un format différent, un compteur de points à atteindre, ou pas, une draft en direct, ou pas, avant de revenir au format Est vs Ouest en 2024... pour mieux le sacrifier de nouveau cette saison et proposer quelque chose de nouveau en partant du principe que la nouveauté attire toujours.
Voilà donc un match à 4 avec une équipe de rookies. Des rookies au match principal du All-Star Game ! Ils ne sont que deux au XXIe siècle à avoir eu cet honneur (Yao Ming et Blake Griffin). Même LeBron James n'y a pas eu droit ! Mais dimanche, peut-être qu'un second round pick de la dernière draft sera sur le parquet pour les match des étoiles. Où comment aller toujours plus loin dans les idées saugrenues, pour ne pas dire plus.
Quelle importance au final : les joueurs, quand ils sont interrogés sur ce qui pourrait offrir du spectacle au All-Star Game, ont pour beaucoup la même réponse : l'argent. Quel joueur de niveau All-Star gagne moins de 30 millions de $ par saison aujourd'hui ? Victor Wembanyama, et ce parce qu'il n'a pas encore eu le droit de signer un contrat en or, chose qu'il fera dans la seconde quand il y sera autorisé. Mais il faudrait un bonus financier, raison pour laquelle la ligue a créé la NBA Cup, tournoi de mi-saison (remporté la nuit dernière par les Bucks) qui offre 500.000 $ à chaque membre de l'équipe gagnante. Business.
La clé, ce sont les joueurs qui l'ont. Mais depuis le fameux "Player Empowerment", tout a changé, et pas en bien. Le All-Star Game a offert quelques rencontres légendaires, avec de vraies oppositions, parce que les joueurs sur le parquet avaient envie de se mesurer à toutes les stars de la ligue en même temps, et ainsi prouver qu'ils appartenaient au gotha. Maintenant, les joueurs veulent juste se préserver en vue des playoffs, comme si tous avaient une réelle chance d'être champions tous les ans. Et surtout ne pas se blesser, car cela pourrait avoir un impact sur un futur contrat. Et tout cela changerait parce que chaque joueur de l'équipe gagnante toucherait un bonus ?
Si les joueurs décident de réagir et d'offrir au public ce qu'il veut, un match entre deux équipes déterminées, un match avec le gratin de la ligue qui démontre pourquoi il est le gratin de la ligue, bref un match des étoiles, tout ira bien dans le meilleur des mondes. En attendant, chaque édition semble partie pour proposer une nouveauté encore pire que la précédente. On ne peut qu'être d'accord avec Kevin Durant sur ce point : "c'est horrible".