Ja Morant et les Memphis Grizzlies, l'histoire d'amour va-t-elle mal finir ?

Ja Morant et les Grizzlies, on se demande comment tout cela va finir.
Ja Morant et les Grizzlies, on se demande comment tout cela va finir.Wes Hale GETTY IMAGES NORTH AMERICA Getty Images via AFP

Six ans après sa draft, Ja Morant a-t-il épuisé la patience des Memphis Grizzlies ? Entre blessures et problèmes extra-sportifs, la question d'un trade se pose de plus en plus. Les Grizz franchiront-ils le pas ?

Avec seulement 6.3% de chances, les Memphis Grizzlies ont décroché en 2019 le deuxième choix de la draft. Une sacrée réussite dont ils se sont servis pour sélectionner Ja Morant, annoncé certes moins impactant que le n°1 Zion Williamson, mais comme possiblement une future star de la NBA. Ni une, ni deux, la franchise du Tennessee a tourné la dernière page du fameux Grit'N'Grind en envoyant Mike Conley vers le Utah Jazz pour faire de la place à sa future star. 

Avec Jaren Jackson Jr, déjà arrivé l'année précédente, Memphis, dont le meilleur résultat était une finale de conférence perdue contre les Spurs en 2013, se prenait déjà à rêver. Après tout, la dynastie des Warriors semblait prendre fin, il y avait sans doute une place à prendre en haut de l'ouest. Et pendant trois ans, les Grizzlies y ont cru. 

Une ascension éclair

La première saison a été coupée en deux par le Covid, et pas de playoffs pour les Grizz, mais tout de même le titre de Rookie Of the Year pour Ja Morant. Mais le véritable acte de naissance avait lieu lors de la deuxième. Seulement 8e à l'ouest, Memphis passait par la case playin, et jouait sa place en playoffs contre... les Warriors. On n'imaginait pas la bande à Steph Curry perdre un match couperet contre une équipe aussi inexpérimentée...

... et on avait tort. Les Grizzlies allaient livrer un money time de folie, et Ja Morant le premier, inscrivant pas moins de 15 points entre le quatrième quart-temps et la prolongation. Notamment les deux paniers qui allaient faire basculer le match. L'acte de naissance d'une superstar : 35 points dans un match décisif. De quoi être qualifié de "special" par les médias du monde entier. Et tant pis si l'aventure s'arrêtait dès le premier tour des playoffs : la hype était lancée.

Et la saison suivante, les Grizzlies franchissaient encore une étape, terminant deuxièmes de la conférence ouest et remportant leur première série de playoffs depuis 2015 contre les Wolves. Mais les Warriors, à l'expérience, allaient prendre leur revanche et leur interdire l'accès aux finales de conférence. Néanmoins, Ja Morant était nommé Most Improved Player, et All-Star pour la première fois. En trois ans, il avait déjà laissé sa marque, et rien ne pouvait laisser imaginer la suite.

Not so "Fine in the West"

Certes, durant cette fameuse saison 2021/2022, Ja Morant avait manqué la bagatelle de 25 matchs, principalement pour deux blessures à la cuisse. Mais ce n'était pas une réelle source d'inquiétude, et même s'il avait manqué la moitié de la série de playoffs contre les Warriors, cela n'en expliquait que mieux la défaite de son équipe. Et la saison suivante démarrait parfaitement, avec notamment une série de 11 victoires consécutives au cœur de l'hiver.

C'est sans doute là que tout a basculé. Juste avant le Christmas Day 2022 - auquel Memphis était convié pour la première fois de son existence, preuve d'une irrésistible ascension - Ja Morant lâchait une petite bombe lors d'une interview avec Malika Andrews d'ESPN. À la question "quelle équipe NBA vous inquiète", il répondait "Celtics". Et quand la journaliste lui demandait si quelqu'un l'inquiétait à l'ouest, il envoyait une punchline devenue célèbre : "Nah, I'm fine in the West".

Moins de trois mois plus tard, la déchéance. Une affaire qui sort selon laquelle il a frappé un garçon de 17 ans, qu'il aurait ensuite menacé avec une arme à feu. Une deuxième impliquant sa mère et son entourage qui aurait frappé un responsable de sécurité d'un magasin. Quelle réaction avoir ? Ja Morant allait choisir la pire : faire un live Instagram, arme à feu au poing. 

Résultat : 8 matchs de suspension de la part des Grizzlies, qui allaient toutefois terminer à nouveau en deuxième place à l'ouest, mais sortir des le premier tour des playoffs de la main des Lakers, avec un Morant diminué par une blessure... à la main. On parle de karma, d'erreur de jeunesse, mais le talent est toujours là, et l'on imagine qu'un esprit de revanche l'animera pour la suite. Erreur : 15 jours après l'élimination en playoffs, il fait un nouveau live sur Instagram, exhibe une nouvelle fois une arme à feu, et cette fois, la NBA en a assez : 25 matchs de suspension pour la saison suivante !

Conséquence : une saison 2023/2024 qui démarrait en décembre... et ne durerait que neuf matchs, épaule déchirée. Cela commence à faire beaucoup. Et lors de la dernière en date, l'épaule, le genou, seulement 55 matchs mais une place en playoffs arrachée lors du playin... pour se faire étriller par le Thunder, futur champion, mais surtout modèle de reconstruction, ce qu'étaient les Grizzlies trois ans plus tôt. Une série dans laquelle Morant mettra à peine plus de 18 points de moyenne... 

Morant creuse encore

Trois ans d'une irrésistible ascension, trois ans d'une chute vertigineuse. Tel est le résumé actuel de la carrière de Ja Morant - et de la période récente des Grizzlies. Et fatalement, on se demandait quel visage il allait afficher pour ce nouvel exercice, alors que les Grizzlies s'étaient séparés de leur coach Taylor Jenkins, qui était présent depuis l'arrivée de Morant à Memphis, puis de Desmond Bane, envoyé à Orlando contre 4 (!) first pick de draft, laissant penser à une éventuelle reconstruction de la franchise. 

Restait à savoir ce que pouvait donner l'association avec le nouveau titulaire du poste de head coach, Tuomas Iisalo. On n'a pas été déçu. Au bout de six matchs, Morant a été suspendu pour une rencontre. Selon le toujours très bien informé Shams Charania, "la suspension fait suite à une altercation entre l'entraîneur des Grizzlies, Tuomas Iisalo, et Morant. Iisalo a remis en question son leadership et ses efforts lors d'un échange après la défaite contre les Lakers vendredi soir -- auquel Morant a répondu sur un ton jugé inapproprié."

Et, bien évidemment, dans ce genre de situation, les infos ne tardent pas à pulluler. Le Dallas Hoops Journal nous explique que Morant "déteste" jouer pour Iisalo, pour ClutchPoints, le All-Star n'a jamais digéré le départ de Jenkins, et n'envisage pas de faire l'effort de respecter son successeur, mettant notamment en cause ses rotations trop nombreuses, et pour Kelly Iko de Yahoo, les deux ne se parlent quasiment plus. Résultat, Memphis en est à 4 victoires pour 7 défaites, Morant est repassé sous les 20 points de moyenne, ce qui n'était plus arrivé depuis sa saison sophomore, et au vu de l'incroyable concurrence à l'ouest, on imagine de toute façon mal cette équipe faire quoi que ce soit de convaincant cette saison. 

Un choix cornélien

D'où une question confondante de simplicité : les Grizzlies doivent-ils transférer Ja Morant ? Le trade de Desmond Bane à l'intersaison semblait ouvrir la voie à cette possibilité, puisque Memphis a échangé son n°3 pour des picks de draft. C'est souvent ce qu'il se passe quand une franchise prépare une reconstruction. 

Jon Krawczynski, de The Athletic, affirme d'ailleurs que les Minnesota Timberwolves sont venus aux nouvelles pour le meneur. Il faut dire que sur le papier, un duo Ja Morant - Anthony Edwards, c'est l'assurance de vendre des billets. Sur le terrain, c'est une autre histoire, et surtout un autre débat. Mais nul doute que si la franchise déclarait Morant transférable, le téléphone surchaufferait.

Néanmoins, transférer celui qui, depuis son arrivée, incarnait le renouveau de la franchise, c'est une décision qui n'engage pas que le front office. Il faut penser aux ramifications, à la ville : Memphis en a-t-il assez de Ja Morant ? Non, selon les différents insiders locaux, qui expliquent que le meneur aime Memphis (il n'a de toute façon jamais parlé de trade) qui veulent sans doute éteindre l'incendie : perdre Morant serait possiblement catastrophique.

Memphis est un petit marché, qui a récupéré une franchise qui n'avait pas réussi à Vancouver. Depuis, les Grizzlies ont fait du chemin, avec la finale de conférence susmentionnée, mais restent une équipe qui aura du mal à attirer des agents libres, et surtout, qui n'aura pas une chance de jouer le titre constamment. Mettre fin à l'ère Ja Morant, c'est entamer une reconstruction, et si les Grizzlies ont eu de la chance à la lottery en 2019, ce ne sera peut-être pas toujours le cas. 

MAIS : depuis le trade de Luka Dončić, plus rien n'est certain en NBA. Quasiment plus aucun joueur n'est intouchable, et peut-être qu'à l'instant T, Memphis est déjà en train de négocier un départ. Car il faut voir le verre à moitié vide : la valeur de Morant n'a de cesse de baisser. Et encore plus depuis le début de la saison. Ne pas le trade, c'est donc croire qu'il va retrouver son niveau, pour tenter de rebâtir une équipe capable de gagner en playoffs. 

Et c'est clairement ce que l'on aimerait voir. Dans certains cas, transférer un joueur important, c'est une prise de risques, mais ici, le risque, c'est de le garder, au vu de sa trajectoire depuis 2022. Pour un petit marché comme Memphis, les chances sont extrêmement faibles de recroiser un tel talent dans les prochaines années. Si Ja Morant quitte Memphis, les Grizzlies ont toutes les chances de connaître une sacrée période de vaches maigres. La franchise est face à un choix capital pour la suite, fera-t-elle le bon ? 

Stop ou encore pour Ja Morant et les Memphis Grizzlies ?
Stop ou encore pour Ja Morant et les Memphis Grizzlies ?Flashscore

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