Quelle est votre philosophie de jeu ?
"Je suis arrivé en cours de saison et certains ont vu leur rôle évoluer. Je mets lentement en place ma philosophie. J'aime la discipline et le respect entre entraîneur et joueurs doit être réciproque. Je veux aussi être juste : quelqu'un qui ne mérite pas, ne joue pas. Sur le plan du jeu, attaque et défense à haute intensité sont indissociables. Partager le ballon offensivement permet ensuite une défense coordonnée pour multiplier les possessions. Sans partage, une frustration collective se crée et l'implication défensive est moindre."
Pourquoi être devenu entraîneur ?
"Je ne veux pas que mes enfants me voient allongé sur un canapé, paresseux. Je suis créatif. Je veux continuer à être un exemple. Joueur, je pensais basket toute la journée. Choisir le métier d'entraîneur a été simple, mais le devenir est plus compliqué. C'est un défi personnel, dans le domaine qui est toute ma vie. Il ne faut plus penser comme un joueur, évacuer cette frustration. Si tu ne tues pas le joueur en toi, impossible d'entraîner. L'objectif est la transmission. Je prends des décisions difficiles, en essayant d'être honnête."
L'entraîneur et le joueur Spanoulis se ressemblent-ils ?
"Comme quand j'étais joueur, je suis direct. Ce n'est jamais personnel, uniquement pour améliorer le collectif et les individualités. Mon message doit donc être clair. Ensuite, l'entraîneur vit avec ses décisions, plus ou moins bonnes, et doit continuer. Le plus important, c'est transmettre. Être soi-même et patient pour faire passer ses croyances, sa mentalité, sans faux-semblant. Sinon les joueurs le voient. J'ai des rêves mais je suis surtout un travailleur acharné, fort mentalement. On ne gagne pas systématiquement mais on doit rester fort pour rebondir."
Comment gérez-vous la relation avec vos stars ?
"J'aime travailler avec des superstars. C'est un luxe, pas une pression. Si je traite chacun de manière identique, certains ont mérité d'avoir plus de liberté. Instaurer cette alchimie m'appartient. J'ai joué et appris jusqu'à 39 ans. Entraîneur, je me nourris des échanges avec mes joueurs. Travailler seul, sans écouter, ne fonctionne pas. Le respect, c'est être ouvert d'esprit, mais en connaissant chacun ses propres limites."
Mais c'est peut-être plus facile d'être écouté quand on est Kill Bill, l'idole de certains, dont Luka Doncic...
"Ce surnom vient de ma mentalité, de mes shoots importants. Parfois j'utilise mon expérience. Mais je n'aime pas parler de moi. En revanche, inspirer la nouvelle génération, voir que d'autres utilisent mes mouvements, faire aimer le basket, j'en suis très fier. C'est le plus grand trophée de ma vie, consacrée à ce sport. Je me suis sacrifié pour devenir un joueur important, atteindre le sommet. J'ai gagné ma vie en faisant ce que j'aime. Désormais, je veux réaliser de nouvelles choses et garder mon humilité."
Vous sentez-vous enfin installé à Monaco ?
"J'essaie de m'imprégner de la culture du club. Comprendre chaque joueur, chaque personne et, en parallèle, faire passer mes attentes nécessite du temps et beaucoup de travail. Gagner des titres impose de la constance. Les fondations ne se créent pas du jour au lendemain. Il faut être mentalement fort. Si le respect n'existe plus, c'est fini. Respect, discipline et échanges clairs sont la base de mon travail. Alors, le soleil peut sortir."
Contre Barcelone, serez-vous favoris ?
"C'est 50-50. Barcelone est une excellente équipe, avec une attaque forte. Mais on est aussi une équipe talentueuse. Rêver, avoir des objectifs et foi dans l'équipe, c'est bien. Mais il faut y aller étape par étape. Monaco dispute sa quatrième saison en Euroligue. Accéder au Top 4, devant des clubs historiques, c'est grand. Sous-estimer la performance des joueurs serait une faute. Mais il ne faut pas se cacher : la prochaine étape est le Final Four, puis la finale et la victoire. Toujours affamés, mais toujours humbles."