Les deux dernières saisons de l'ASVEL en Euroleague avaient été largement oubliables. En cause notamment, une série de 14 défaites consécutives à cheval sur les deux exercices, beaucoup de soubresauts en interne, plusieurs coachs pas forcément adaptés, un cocktail dévastateur pour les chances de bien figurer sur la scène européenne.
Mais cette saison éveillait la curiosité quand on regardait la composition de l'effectif. Des vétérans là pour jouer le rôle de vétéran et des jeunes pousses soit de retour d'un échec à l'étranger, soit prêts pour l'étape suivante après avoir brillé dans des clubs de moindre envergure.
C'est à cette deuxième catégorie de joueurs qu'appartient Neal Sako. Débarqué de Cholet durant l'intersaison, il n'a pas mis longtemps à se faire remarquer. Dès le deuxième match d'Euroleague, tout le monde a fait connaissance avec lui : 19 points, 11 rebonds et surtout l'action du match, le contre gagnant sur la dernière action de la Virtus.
Ce qui lui a permis, dès son deuxième match en Euroleague, d'aller rafler le titre de MVP de la journée (exaequo avec Sacha Vezenkov). Et ce alors qu'il était tout sauf la plus attendu des recrues estivales. Melvin Ajinça, toujours brillant dans les équipes de France de jeunes (vice-champion du monde U19 2023 en étant deuxième meilleur marqueur de la compétition) promettait par exemple énormément.
Et bien sûr, toute l'attention était autour de Théo Maledon, revenu au bercail après un passage peu concluant en NBA. C'est une réussite, ce retour, mais personne ne gagne les matchs tout seul. Le supporting cast est de qualité, et au milieu de ce supporting cast - et de la raquette lyonnaise - Neal Sako fait déjà l'unanimité. Et ce avec dans son cartable un parcours... atypique.
Ancien espoir du tennis, il ne débute le basket qu'à 16 ans ! Il y a dix ans donc, une progression fulgurante d'un joueur rapidement passé par un centre de formation, n'hésitant pas à aller jouer une saison en Nationale 1 pour parfaire son jeu, avant de devenir une jeune valeur sûre de Betclic Élite. C'est à Cholet qu'il se révèle véritablement lors des deux dernières saisons.
Un parcours monstrueux vers la finale de FIBA Europe Cup en 2023, deux quarts de finale en Betclic Élite durant lesquels les Choletais auront fait trembler les deux futurs finalistes (les Mets en 2023 et le Paris Basket en 2024). L'occasion de découvrir ce pivot moderne de 2.10 m à la vitesse de déplacement impressionnante pour sa taille, et à la défense de fer dans la peinture.
Mais surtout, une chose saute aux yeux : sa complémentarité avec Joffrey Lauvergne. Alors qu'on pensait qu'il en serait la doublure, il est désormais régulièrement aligné aux côtés du vétéran, qui peut attaquer à sa guise avec la sécurité de savoir son compère prêt à bondir sur les deuxièmes chances. Pour preuve : Neal Sako est le cinquième meillleur rebondeur offensif de la saison en Euroleague (2.7 par match) et 7e au total (6.3). Le tout en rentrant plus de 60% de ses tirs.
Et maintenant que le cinq de l'ASVEL est cimenté, les résultats arrivent. Après une période compliquée, les Lyonnais viennent tout simplement de remporter quatre de leurs cinq derniers matchs en Euroleague. Le tout en tombant Anadolu, le Real mais surtout en mettant fin, vendredi dernier, à la mirifique série de dix victoires d'affilée du Paris Basket dans cette compétition.
Et cette fois, les Rhodaniens ont confirmé cet exploit en allant rafler leur premier succès à l'extérieur de la saison en Euroleague mardi sur le parquet du Partizan. Ce soir, ils auront l'occasion de boucler cette phase aller en fanfare chez le Zalgiris, un dernier test avant Noël chez une équipe en forme. Le bilan chiffré ne sera quoi qu'il arrive pas positif, mais l'élan emmagasiné promet une belle fin de saison.
Et la suite pourrait être tout aussi brillante. Cet été, Neal Sako a fait ses premiers pas sur les parquets NBA sous le maillot du Miami Heat à l'occasion de la Summer League. Une contribution modeste, certes, mais dans une équipe qui a remporté la compétition de Las Vegas, et où il a pu se faire remarquer de quelques recruteurs. Les Français sont à la mode Outre-Atlantique, mais est-ce vraiment un objectif réaliste quand on voit justement l'impact d'un Maledon cette saison ?
"Je dirais que mon premier objectif, c’est d’abord de jouer en NBA" déclarait-il au média Le Roster en début de saison. Les choses sont dites, et si on pourrait penser qu'à 26 ans, il est déjà trop tard, nul doute que ce profil moderne sans l'être - on ne parle pas d'un stretch, il ne prend jamais de trois points - reste intéressant dans une rotation, peu importe le lieu, peu importe la compétition. En attendant la suite, Neal Sako est engagé jusqu'en 2026 avec l'ASVEL, et nul doute qu'on n'a pas fini d'entendre parler de lui cette saison.