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À 30 ans, Timothé Luwawu-Cabarrot arrive enfin à maturité avec Baskonia

Timothé Luwawu-Cabarrot, l'âge de raison ?
Timothé Luwawu-Cabarrot, l'âge de raison ?PSNEWZ/Profimedia

Deuxième meilleur marqueur actuel de l'Euroleague, Timothé Luwawu-Cabarrot semble atteindre la plénitude de son talent avec Baskonia. Reste à faire évoluer son équipe, avant une dernière chance chez un cador ?

Une dizaine d'années en arrière, les joueurs français n'étaient pas encore à la mode en NBA. Certes, Tony Parker avait beaucoup œuvré, mais il n'y avait pas autant de prospects, l'internationalisation n'était pas encore totalement en marche. Au moment de la draft NBA 2016, cela faisait trois ans qu'un Français n'avait pas été choisi au premier tour.

Cette année-là, ils étaient deux choisis avant la 30ᵉ place : Guerschon Yabusele, revenu en NBA après un intermède européen, et Timothé Luwawu-Cabarrot. Neuf ans plus tard, ce dernier est revenu en Europe, et brille enfin sous les couleurs du Baskonia. C'est quoi la suite ?

Les regrets à Brooklyn

Il est évident que son passage en NBA n'a pas laissé un souvenir impérissable, puisqu'il a fréquenté 5 franchises différentes en six saisons. Drafté par les Philadelphia 76ers, il est arrivé quand Joel Embiid, après plus de deux ans d'attente, a fait ses débuts. Avec en prime Dario Šarić, arrivé d'Europe comme lui, qui allait se révéler (les deux seraient finalistes du Rookie Of the Year), peu de place pour s'exprimer. 

Un début de carrière marqué par plusieurs passages en G-League, ce qui lui a sans doute fait comprendre qu'il pouvait embrasser un rôle de journeyman. Sans jamais vraiment se plaindre, il a été transféré, signé pour faire le nombre, intégré des rotations et pris ce qu'on lui donnait. 

Mais il a fallu qu'il intègre le training camp des Phoenix Suns pour s'en faire couper avant le début de saison pour qu'il comprenne que sa réelle chance n'arriverait pas. Pourtant, il semblait l'avoir eu, cette chance, lors de la saison 2020/2021. Une saison dans laquelle il faisait partie d'un des favoris pour le titre, les Brooklyn Nets de Kevin Durant et Kyrie Irving, bientôt rejoints par James Harden

Un trio de stars monstrueux qui impliquait de facto un besoin de role players. Du tout cuit pour Luwawu-Cabarrot, qui avait rejoint l'équipe la saison précédente, et qui était donc pour une fois au bon endroit au bon moment. Malheureusement, l'histoire est connue, l'affaire allait se terminer après un game 7 dramatique en demi-finale de conférence, marqué par un shoot à trois points victorieux de Durant finalement à deux points, pour une ligne mordue de quelques millimètres...

Un drame pour les joueurs, et le Français ne faisait pas exception. En conférence de presse après la saison, il indiquait clairement les regrets du groupe. "On se voyait champions, on se voyait déjà soulever le trophée. Je pense qu'on avait l'équipe pour." Tout est dit, et l'occasion de laisser sa marque en NBA lui était passée sous le nez...

Double raté en France

À 27 ans, il avait deux options : continuer à écumer les rosters et espérer aider des équipes dans le besoin sur de courtes périodes, ou alors rentrer en Europe. Il a pris l'option 2, et après un passage peu concluant au Milan, il est rentré en France, à l'ASVEL Lyon-Villeurbanne. À ce moment-là, on imaginait le début d'une longue histoire d'amour entre les deux parties, qui avaient clairement besoin l'une de l'autre. 

Mais visiblement, l'amour ne dure qu'un an. Une seule saison durant laquelle il n'aura pas laissé sa marque, encore une fois. Une adresse défaillante, un rôle peu défini, et un leadership aux abonnés absents. Si pour l'ASVEL, cela n'a pas changé grand chose, pour "TLC", cela lui a coûté tout simplement les Jeux olympiques à domicile, alors qu'il semblait être un homme de base des Bleus, et qu'il avait été argenté à Tokyo. 

Une blessure, comme il l'avait raconté à l'époque à BeBasket. "J’ai été un peu surpris, un peu déçu…Très déçu. Je pense que ça a été la plus grande déception de ma vie, de ma carrière. Mais c’est comme ça, c’est la vie, c’est le basket. Ça ne fait pas partie des choses que je contrôle. Je peux simplement contrôler ce que je fais sur le terrain."

Pas le choix, il fallait repartir, mais pas en NBA : ailleurs en Europe, là où les yeux allaient être braqués sur d'autres joueurs. Direction l'Espagne, le Baskonia, club mythique, mais en perte de vitesse. L'occasion d'une renaissance ?

Baskonia, pour combien de temps ?

Le diagnostic était encore réservé après la première saison. Mais il pouvait être atténué par le fait qu'un changement d'ère semblait avoir lieu dans le Pays Basque. Plusieurs saisons en dessous des attentes, beaucoup de mouvements dans l'effectif. Le roster comprenait beaucoup de joueurs de qualité, mais il fallait que l'un d'entre eux step up et prenne la direction des opérations. 

Et visiblement, c'est ce qu'est en train de faire Timothé Luwawu-Cabarrot. De façon impressionnante, il est devenu ce que l'on n'attendait plus de lui : le go-to-guy d'une équipe qui évolue plus haut niveau européen. Le début de saison est pharaonique, et lui permet de dépasser les 20 points de moyenne en Euroligue après 8 journées !

Dans le détail : 20.6 points à 54.8 % au shoot dont 51.6 % à trois points. Et ce alors qu'il émarge à près de 8 tentatives par match derrière l'arc. Le deuxième meilleur marqueur de son équipe, Hamidou Diallo, tourne lui à 13.8 points par match, et c'est le seul autre joueur de Baskonia à dépasser la barre des dix points de moyenne. Et avec la régularité en prime, puisque tous les matchs d'Euroleague de "TLC" oscillent entre 16 et 25 points. 

Problème, cela ne suffit pas pour gagner des matchs. La semaine dernière, Baskonia a ouvert son compteur en dominant coup sur coup Dubaï puis l'Anadolu, mais c'était après avoir encaissé six défaites d'affilée pour ouvrir la saison. Et sur le plan national, c'est une 8ᵉ place avec deux défaites en cinq matchs. Sans doute insuffisant pour une équipe avec un tel passé glorieux. 

Mais ces deux victoires prouvent que le Baskonia a peut-être trouvé la clé autour de son nouveau leader, un leader par les actes, et non par les paroles. Les seuls mots du Français vont pour le public, désormais sous le charme de TLC, et à qui il a rendu hommage en conférence de presse. "Cet amour s'est transformé en confiance, et cette confiance en points."

Et ensuite ? Quand il avait signé à l'ASVEL, il avait annoncé la couleur en conférence de presse de présentation. "Y repartir est toujours dans ma tête, mais si je devais y retourner ce serait, je l’imagine, après une très grosse saison en Europe". La grosse saison, elle est en train d'avoir lieu, et s'il poursuit sur cette lancée toute la saison, Timothé Luwawu-Cabarrot sera face à un dilemme : devenir possiblement une star en Espagne ou faire une dernière tentative en NBA ? Espérons que ce choix-là sera le bon...