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Aux portes du podium, Strasbourg ne veut pas descendre de son nuage

Andrey Santos célèbre son but contre l'OL avec Emanuel Emegha et Dilane Bakwa
Andrey Santos célèbre son but contre l'OL avec Emanuel Emegha et Dilane BakwaSEBASTIEN BOZON / AFP
Sur une série de 7 matches sans défaite donc 6 victoires, Strasbourg n'est plus qu'à trois points du podium. Au moment d'aller à Reims et avant d'enchaîner avec Nice puis Monaco, le Racing semble sur une pente ascensionnelle qui le porte tout droit vers la Ligue des Champions.

Qu'est-ce qu'il veut, qu'est-ce qu'il a, qui c'est celui-là ? Quand Liam Rosenior a débarqué en Alsace pour diriger Strasbourg, il y avait de quoi être dubitatif. Un Anglais, catapulté par BlueCo, au beau milieu de la Ligue 1 pour une première expérience au sein de l'élite, cela ressemblait à une fausse bonne idée tant les techniciens étrangers n'ont pas toujours joui d'un accueil délirant au moment de prendre leurs fonctions en France. Pour un essai, c'est déjà un coup de maître. 

Trois mois pour apprendre

Après 7 journées, le premier bilan était intéressant avec des victoires contre Rennes et l'OM mais contrasté par une capacité à ne pas tenir la distance, contre l'OL (défaite 4-3 après avoir mené 2-0 puis 3-1) et Lille (3-3, après avoir remonté deux buts pour mener 3-2). Des irrégularités de performance à mettre sur le compte de l'extrême jeunesse de l'équipe, des différentes arrivées pendant l'été et aussi de l'inexpérience de l'entraîneur. Après une victoire à la Meinau contre Nantes (3-1), le Racing a dégringolé avec 4 revers d'affilée avec 3 buts inscrits contre 10 encaissés. La saignée s'est achevée par un 0-0 contre Reims. Insuffisant néanmoins pour penser Rosenior sauvé. En réalité, la période d'essai était en train d'être digérée. 

Car à la faveur d'un déplacement victorieux au Havre (3-0) et d'une victoire en 1/32 de Coupe de France contre Calais, Strasbourg a débuté un période faste qui perdure. En fait, seul Rennes lors de la 20e journée l'a emporté (1-0). Les autres adversaires de la classe biberon alsacienne ont perdu et seuls deux d'entre eux, l'OM (1-1) et Brest (0-0) ont accroché le nul. En janvier dernier, au sortir du match au Vélodrome lors duquel, le Racing a mené au score, Ismaël Doukouré expliquait à Flashscore que l'équipe, loin d'être satisfaite dont beaucoup se seraient contentés, était revenue en Alsace avec "beaucoup de frustration. Pour le monde extérieur, c'est un bon point pris mais, sur le physionomie du match et par rapport à nos qualités, on pouvait faire largement mieux, surtout en deuxième période"

Retrouvez l'intégralité de l'interview d'Ismaël Doukouré ici

Finalement, le manque de bouteille du Racing s'est transformé en force collective, avec des joueurs et un entraîneur qui sont sereins, comme l'expliquait Mamadou Sarr la semaine dernière à Flashscore : "la pression, nous la gérons plutôt bien à Strasbourg parce que nous sommes jeunes, un peu feu follet, fougueux. Au fil des matches, à mesure qu'on gagne des matches, on s'en libère. On s'entend tous très bien et ça nous donne de la force". C'est ce qui ressortait également des propos de Doukouré : cette équipe est une bande de potes qui vit aussi ensemble hors du vestiaire. "On a un groupe très soudé, on essaie de faire des choses en dehors du terrain, expliquait-il. Ça renforce les liens et ça se retrouve en match, avec une équipe très dynamique. Ce sont plus que des coéquipiers". 

Une pédagogie efficace

Et voilà cette escouade aux portes de la qualification en Ligue des Champions ! Ce n'est pas le fruit du hasard. Cela ne peut échapper à aucun spectateur régulier de Strasbourg : les séquences de jeu sont travaillées, huilées et bonifiées par de solides joueurs de ballon. "Le coach est venu avec ses idées, de très bonnes idées, poursuivait Doukouré. Il a beaucoup travaillé sur le fond, pour analyser les joueurs qu'il avait et les recrues qui sont arrivées pour avoir un mélange homogène. C'est ce que l'on voit sur le terrain. Par exemple, je connais les qualités de mon coéquipier à ma gauche, de celui qui est à ma droite et on travaille sur les détails. L'état d'esprit est irréprochable. On ne peut que lui donner entièrement raison". 

Cette intelligence associée à une confiance déborbante permet notamment de passer outre l'absence du capitaine Habib Diarra depuis un mois. Cela autorise aussi les replacements tactiques, comme celui de Doukouré en charnière centrale, et à certains joueurs d'éclore alors qu'ils étaient moins attendus comme Félix Lemaréchal, devenu un titulaire indiscutable depuis novembre ou encore Guéla Doué, écarté attivement de Rennes l'été dernier pour devenir l'un des meilleurs axiaux droit dans une défense à trois du championnat. 

Retrouvez l'intégralité de l'interview de Mamadou Sarr ici

Cette mise en musique est en grande partie l'oeuvre de Rosenior, jugé très pointilleux par ceux qui le côtoient, voire carrément obsessionnel. Car avoir des joueurs talentueux est une chose mais les mobiliser, les maintenir dans une dynamique de performance constante, au point d'en faire un épouvantail du championnat, en est une autre. Sa pédagogie a fonctionné, sans urgence, car le temps a offert des résultats et des perspectives. "Il a voulu nous parler, pour nous expliquer ce qu'il voulait car, avec la façon dont on joue, il faut être serein, étayait Sarr. En fait, comme on ressort de derrière, beaucoup de ballons passent par nous, les centraux (...) Le but, c'est d'attirer l'adversaire parce qu'on sait qu'une fois qu'on a franchi le premier ou le deuxième rideau, il y aura beaucoup d'espaces ensuite, surtout qu'on a des pistons et des attaquants très rapides. Forcément, ça fait mal à l'adversaire. Quand on y parvient, il y a souvent au moins une occasion de but"

Au moment de disputer la 28e journée, les regards se font plus acérés sur les performances strasbourgeoises. À raison. L'Europe pourrait devenir une réalité dans les semaines à venir, en avance sur les temps de passage. Reste à savoir dans quelles compétitions. Sur ce qu'il a démontré jusqu'à présent, vu son calendrier, le Racing peut rêver de C1 et ce serait tout sauf le fruit du hasard pour une équipe aussi enthousiasmante.