Comment vous accueillez ce tournoi ? On dit que c'est une nouvelle ère pour le foot féminin. C'est ce que vous pensez ?
Je ne sais pas si on peut parler de nouvelle ère, mais c'est plutôt un nouveau format qui permet d'avoir un autre type de compétition. Souvent, on me demande de comparer au football à 11. Il n'y a pas de concurrence à avoir. C'est juste un tournoi qui permet, une fois de plus, de promouvoir le football féminin, de mettre en avant de nouvelles joueuses, des jeunes joueuses, de mettre en action de la technique, de la rapidité, donc d'attirer une nouvelle cible et de continuer à promouvoir le football féminin.
Qu'est-ce qui, selon vous, a poussé les clubs à accepter de venir ? Parce qu'on sait que la saison a été longue. Ce sont de grands clubs, avec des joueuses de grandes nations qui ne sont pas habituées à ce format-là.
Alors moi, je ne suis pas directrice du football pour la compétition, donc je ne les ai pas eues en direct live. Il faudrait demander au club ce qui les a motivés. C'est eux qui pourront vous dire. J'espère que pour eux que ça va au-delà du prix (5 millions d'euros à se partager sur l'ensemble de la compétition, dont un million pour le vainqueur, ndlr), c'est surtout de venir jouer contre d'autres équipes et de continuer, même en fin de saison, à jouer face à des équipes costaudes et à donner du rythme à leurs joueurs. Mais bon, je pense qu'il y a d'autres enjeux aussi.
Vous disiez que c'est complémentaire le foot à 11 et le foot à 7. Qu'est-ce que, selon vous, ce format apporte aussi aux joueuses ?
Ça donne une nouvelle dynamique. C'est vrai qu'on est sur des règles de jeu qui permettent de voir beaucoup plus de rapidité du jeu, beaucoup plus de dribbles, beaucoup plus d'actions et puis aussi avoir de la dramaturgie. Il y a le but en or, les pénalties... On est sur des actions qu'on aimerait voir régulièrement mais qu'on a vraiment qu'en petit format. Ce sont des matchs de deux mi-temps de 15 minutes, ça va très vite. Parce qu'on se rend compte que les gens ont envie de voir de l'action.
Est-ce que c'est un tournoi que vous auriez aimé disputer, vous, quand vous étiez joueuse ?
Ça c'est sûr, puisque ça permet, un, de se tester en tant que joueuse, puis de continuer à jouer contre les meilleures équipes. Là actuellement on a Manchester City, Manchester United, AS Roma, l'Ajax... C'est le gratin du football en général. Maintenant il y a d'autres équipes qui auraient pu aussi participer...
Vous parliez du prize money, les coachs ne veulent évidemement pas en parler, mais c'est une façon aussi de motiver les clubs ? De les aider aussi à passer un cap dans la professionnalisation ?
Je ne pense pas qu'on puisse dire que ça va faire passer les clubs dans une autre dimension, mais c'est vrai qu'on sait que pour les clubs, chaque année il y a un budget dédié au football féminin et qu'effectivement le prize money aidera forcément les équipes gagnantes à ajouter de la valeur ou en tout cas les accompagner durant leur saison. C'est de l'argent qui ira pour le budget de l'équipe féminine. C'est ça le souhait, mais aussi également pour les joueuses. C'est vrai que ça paraît énorme (comme prize money), mais au bout du compte pour une équipe, pour qu'elle puisse fonctionner durant une année, ça peut les aider à peut-être investir sur leur partie académie, sur l'accompagnement de leurs joueuses, sur le staff, la structuration...
Énormément de joueuses nous ont parlé du côté fun de la compétition, avec une ambiance de vacances et de retrouvailles entre joueuses. C'était aussi un objectif, d'avoir une compétition plus divertissante ?
C'est vrai qu'on s'était dit aussi qu'il fallait que ce soit un format qui réunisse les gens, un format familial, un format où les joueuses aient envie de jouer. On est vraiment content de voir que les filles prennent beaucoup de plaisir. On savait qu'elles allaient prendre plaisir s'il y avait une bonne qualité du terrain, les infrastructures, les installations, les lieux d'accueil, les transports... Tout ça, ça joue. C'est donner les moyens aux filles d'être dans
les meilleures conditions et puis de leur donner envie de jouer. Je pense qu'il faut pas juste se focaliser sur le prize money mais de se dire on vous donne une expérience pour montrer tout votre talent.
On a vu énormément de jeunes filles en tribunes, qui avaient accès plus facilement aux joueuses vu que les tribunes sont très proches du terrain. Vous vouliez aussi leur donner envie de rêver ?
On est parti sur un tournoi de football à 7 pour des équipes professionnelles, des équipes élites, mais à côté de ça, on a aussi un programme d'impact social. Les jeunes filles que vous avez vues aujourd'hui au stade sont des filles qui ont été invitées parce qu'elles font partie d'un programme de la fondation de Benfica et des filles de l'académie du club qui accueille le tournoi (Estoril). On a souhaité que ce tournoi, à chaque lieu où il passerait, invite les clubs féminins locaux pour les faire rencontrer les ambassadrices. Ce matin, les arbitres de la finale de al Ligue des champions sont passés en pour rencontrer les jeunes d'ailleurs. On a aussi décidé d'accompagner trois associations qui font du travail pour le développement du football féminin en local, et également qui accompagnent le leadership de femmes. Le tournoi ce n'est pas juste de l'impact pour la professionnalisation et pour les joueuses, c'est aussi de l'impact social, partager notre expérience avec les plus jeunes, les inspirer.
Comment vous avez choisi ce lieu d'Estoril ? C'est évidemment lié à la finale de la Ligue des Champions féminine, qui se joue à Lisbonne samedi, mais on voit aussi que les joueuses profitent du cadre, en bord de mer avec des hôtels plutôt sympathiques...
L'enjeu était effectivement d'être autour d'un autre événement féminin, ça permet de ramener la communauté sur le même site. Et effectivement Estoril, c'est un lieu où on se sent bien. On savait qu'on allait avoir une atmosphère agréable, un temps de qualité, mais un endroit où on se sentirait ensemble dans un lieu relaxant et ensoleillé.
Votre pronostic, vous pensez qu'une équipe peut aller au bout plus qu'une autre ?
On voit des équipes qui sortent du lot, Bayern, PSG, Manchester City et Manchester United. À voir la suite. En tout cas, j'ai vu des équipes telles que Benfica ou AS Roma montrer un super visage. Donc ce tournoi est très, très positif.