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Au Lioran, Vingegaard remporte son duel avec Pogacar : le Tour a-t-il basculé psychologiquement ?

Vingegaard a dominé Pogacar dans un sprint à deux
Vingegaard a dominé Pogacar dans un sprint à deuxAFP
Alors qu'il a attaqué à 30 kilomètres de l'arrivée, Tadej Pogacar a vu Jonas Vingegaard revenir sur lui avant d'être battu au sprint par le Danois. Distancé, Remco Evenepoel limite la casse et reste 2e du général tandis que Primoz Roglic a chuté dans la dernière descente, sans gravité.

Une étape de 211 bornes avec 6 ascensions au programme, voilà le genre de parcours propice aux attaques avec, notamment, la terrible montée du Puy Mary chère à Romain Bardet

Pendant 80 kilomètres, les plus hardis ont cherché la bonne échappée, tandis que Ion Izagirre et Alexis Renard mettaient pied à terre et que la Bahrain-Victorious de Pello Bilbao était victime d'un virus. 

Sous l'impulsion d'un Richard Carapaz (EF-Easy Post) déchaîné, les choses se sont déliés dans la côte du Mouilloux (4e catégorie). Mattéo Vercher (TotalEnergies) a pris la roue du champion olympique en titre mais c'est Oier Lazkano (Movistar) qui s'est fait la peau pour revenir et basculer en tête. Le groupe de fuyards s'est étoffé de Oscar Onley (DSM-firmenich-PostNL), Ben Healy (EF-Easy-Post), Paul Lapeira (Décathlon-AG2R) au moment d'aborder la côte de Larodde (3e catégorie). Un quatuor 100% français est parti en contre : Bruno Armirail (Décathlon-AG2R), Romain Grégoire (Groupama-FDJ), Julien Bernard (Lidl-Trek) et Guillaume Martin (Cofidis). Ils sont rentrés à 109 kilomètres de l'arrivée mais, avec moins de 2'30 d'avance sur le peloton, l'affaire était entendue car UAE-Team Emirates n'a pas lâché la bride.

Dans le col de la Néronne (2e catégorie), Lazkano est parti seul, après qu'Healy a sauté. L'Irlandais a assuré un dernier relais pour Carapaz, qui revenait au train... mais c'est l'éphémère Maillot Jaune qui a cédé, laissant son coéquipier revenir sur le Basque. L'avance était à 1'10 et même la chute de Wout van Aert (Visma-Lease a bike) dans un virage alors qu'il menait le peloton n'a pas ralenti la cadence. 

Dans les pentes les plus importantes, les coéquipiers de Tadej Pogacar ont forci l'allure. Malheureusement pour tous ses fans, massés dans le Puy Mary, Bardet (DSM-firmenich-PostNL) a été décramponné dans la Néronne et n'a pu jouer les premiers rôles dans cette étape. Au moins a-t-il pu profiter sans pression de ce grand moment pour son dernier Tour de France. 

Dans l'ascension du Puy Mary... Carapaz est revenu sur le duo de tête ! Un beau baroud d'honneur pour l'Equatorien car l'armada émirati n'était qu'à 35 secondes, juste avant les hauts pourcentages, de ceux qui vous scotchent à l'asphalte comme une mouche dans du miel. 

Tracté par Pavel Sivakov, Joao Almeida, Adam Yates et Juan Ayuso, Pogacar mettait le "peloton" au court-bouillon et empêchait toute initiative adverse. Ils ont boulotté Carapaz puis Lazakno et enfin Healy. Sous l'impulsion d'Yates, les survivants se comptaient d'un coup d'oeil. Et puis à 600 mètres de la bascule, le Maillot Jaune a mis une praline. Jonas Vingegaard (Visma-Lease a bike) et Primoz Roglic (RedBull-Bora-hangrohe) ont compensé mais le second a sauté. Remco Evenepoel (Soudal-Quick Step) a subi, collé à la route, à plus de 30 secondes. 

Voyant son meilleur ennemi revenir, "Pogi" a relancé au moment de plonger dans la descente. De 7 secondes, l'écart est passé à 15. Et Roglic est revenu sur le Danois. Les deux ex-coéquipiers, en froid après une Vuelta où Sepp Kuss a été privilégié au vétéran en dépit des plans initiaux, devaient s'entendre pour revenir. L'écart se stabilisait entre eux, mais augmentait avec Evenepoel. Pogacar était à la limite, coupable d'un petit écart sans conséquence a priori mais probablement annonciateur de la fin de l'étape. 

En revanche, Evenepoel a comblé son retard en compagnie de Carlos Rodríguez (INEOS-Grenadiers) et Giulio Ciccone (Lidl-Trek) Yates et Almeida avec Vingegaard et Roglic au moment d'escalader le col de Pertus, ultime 2e catégorie de la journée. 

Habitué à ne pas passer un relais, Vingegaard a été contraint de faire le train sans l'aide de personne. Il a décramponné les quatres revenants. Evenepoel a mis le clignotant et seul Roglic a pu suivre le double tenant du titre. Devant eux, Pogacar s'agaçait. Était-il victime d'un crevaison lente ? Rôti, Roglic a baissé pavillon. Pogi regardait derrière lui : moins de 20 secondes le séparaient de son rival. Au train, Evenepoel a récupéré Roglic. 

Il y avait 8 secondes de bonification à prendre au sommet mais outre le gain de temps, c'était la présence d'une moto assistance qui intriguait le plus. Le Danois est rentré... mais Pogacar a relancé pour passer au sommet en tête et, accessoirement, s'emparer du maillot à pois. Le duo Evenepoel-Roglic était à 45 secondes. 

Pogacar et Vingegaard ont passé des relais a minima, ce qui a premis à leurs deux poursuivants de gagner 10 secondes. Le Maillot Jaune n'était pas serein dans les parties descendantes. Dans le col de Font de Cère (3e catégorie), le Danois était d'humeur bavarde avec le récent vainqueur du Giro. Un duel de pistards sur une pente à 7% en somme. La descente, technique, allait décider du gain de l'étape et, aussi, d'un avantage psychologique. Mains en bas du cintre, Pogacar restait dans la roue de Vingegaard. Evenepoel et Roglic suivaient à 30 secondes... mais le second a chuté sur une portion humide. 

Qui allait remporter le mano a mano ? Favori, Pogacar a attendu, attendu, attendu pour lancer son sprint. Mais c'est Vingegaard qui a profité de ce sprint en montée pour l'emporter d'une demi-roue.

Un avantage psychologique et un tournant dans ce Tour ou simplement un ennui mécanique pour le Maillot Jaune qui a permis au Danois de revenir dans le jeu ? Les prochaines étapes de haute montagne le diront. 

Evenepoel conserve sa deuxième place au général en terminant à 25 secondes. Roglic, lui, a franchi la ligne avec 55 secondes de retard sur les duettistes.