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L'athlétisme de retour à Tokyo pour les Mondiaux, cette fois avec du public

Le stade national de Tokyo ce jeudi.
Le stade national de Tokyo ce jeudi.PHILIP FONG/AFP
Quatre ans après des Jeux olympiques sous pandémie, le meilleur de l'athlétisme retrouve Tokyo pour des championnats du monde où les stars sont attendues dès samedi pour faire briller un sport qui en a bien besoin.

"J'ai tellement hâte de retourner au Japon. Franchement, ça a l'air d'être un super endroit avec un super stade et on n'a pas pu en profiter pleinement" en 2021, regrettait le mois dernier la star suédoise du saut à la perche Armand Duplantis.

"Là, on va avoir une vraie compétition, avec un vrai public, et une vraie énergie dans le stade", anticipait-il.

Pendant les neuf jours de compétition dans la capitale japonaise, l'ambiance s'annonce effectivement plus chaleureuse qu'en 2021, quand les JO avaient eu lieu dans un stade olympique vide en raison de la pandémie. Cette fois, quelque 50 000 billets ont été vendus en moyenne par soirée.

"Quand les Jeux ont été décalés, on s'était promis d'organiser des Mondiaux à Tokyo le plus vite possible, avec des fans dans le stade. L'engagement est tenu", s'est félicité le président de la Fédération internationale Sebastian Coe.

Plus de 2 000 athlètes venus d'environ 200 pays sont attendus à Tokyo pour mettre un point final à une longue saison débutée en avril, mais qui a parfois manqué de rythme, un an après les Jeux de Paris.

"Nécessité" de réussite

Car l’atmosphère réjouissante dans la capitale japonaise ne masque pas entièrement les difficultés d'un sport en perte de vitesse. Si les saisons post-olympiques sont toujours plus difficiles à négocier, l'athlé' mondial a par ailleurs essuyé un gros revers cette année avec l'échec du Grand Slam Track, le nouveau circuit de compétitions imaginé par Michael Johnson.

Alors qu'il ambitionnait de "dépoussiérer l'athlétisme" en proposant une série de compétitions avec des athlètes sous contrat et des primes mirobolantes, Johnson s'est finalement heurté à la réalité d'un sport qui attire moins les foules et les financements qu'avant.

Avec des investisseurs qui ont finalement lâché le projet, le dernier meeting Grand Slam Track prévu à Los Angeles fin juin a été tout bonnement annulé tandis que les athlètes n'ont toujours pas été payés.

Dans ce contexte assez morose, Sebastian Coe assure être "extrêmement conscient de la nécessité que ces championnats du monde à Tokyo soient une réussite".

"C'est évidemment notre évènement phare et une grande partie de la santé, du dynamisme et du bien-être financier de notre sport dépend de ça", a-t-il ajouté.

Les adieux de Fraser-Pryce

Pour que le rendez-vous soit un succès, Coe veut à tout prix remplir le stade – "un sport sans fans, c'est un passe-temps", répète-t-il à l'envi – et peut pour ça compter sur ses athlètes vedettes, quasiment toutes de la partie au Japon malgré quelques forfaits regrettables (Gabby Thomas, Sifan Hassan, Nina Kennedy ou encore Joshua Chepteguei).

Certaines soirées s'annoncent déjà trépidantes. Le roi et la reine du 100 mètres seront couronnés dès dimanche, avec chez les hommes une confrontation très attendue entre le champion olympique Noah Lyles et le favori jamaïcain Kishane Thompson.

Chez les femmes, la championne olympique Julien Alfred fera face à la jeune Melissa Jefferson-Wooden, tandis que les Mondiaux de Tokyo marqueront aussi les adieux de la légende jamaïcaine Shelly-Ann Fraser-Pryce, à 38 ans et après deux décennies au plus haut niveau.

Comme à Paris l'été dernier, les spectateurs attendront aussi avec impatience un nouveau record du monde de "Mondo Duplantis". Aux JO, il avait franchi 6,25 m. À Tokyo, il pourrait tenter pour la première fois une barre à 6,30 m.

D'autres records du monde pourraient trembler que ce soit sur 100 m haies avec la jeune Masai Russell, sur 1 500 m avec l'insatiable Faith Kipyegon ou encore sur 800 m avec le prometteur kényan Emmanuel Wanyonyi.

Nouveauté cette année, toutes les athlètes engagées dans les catégories féminines ont dû passer un test de féminité, par prélèvement sanguin ou salivaire, une mesure qui a suscité malaise et critiques.

Des fortes chaleurs sont annoncées pendant tous les championnats et pourraient représenter un défi pour les athlètes, d'autant plus qu'elles sont associées à un taux d'humidité extrêmement élevé dans la capitale.