Le principal enjeu de l'avant-dernière soirée des Championnats d'Europe d'athlétisme pour la délégation française, c'était la fin du décathlon. Entre une chance de médaille pour Makenson Gletty et la tentative de minima olympique de Kevin Mayer, le suspense était présent.
Le premier, très surprenant hier, a commencé sa journée par une scène cocasse. Le haut parleur derrière lui n'ayant pas fonctionné, il n'a pas entendu le départ et a raté son envol sur la première épreuve de la journée, le 110 mètres haies. Après quelques palabres, il a été autorisé à recourir... tout seul. Mais cela ne l'a pas empêché de faire tomber un nouveau record personnel.
À ce moment là, il était en tête du concours. Mais il savait que les épreuves suivantes ne lui seraient pas favorables. Il a clairement limité la casse sur le disque, la perche puis le javelot, il était encore 3e... derrière un certain Kevin Mayer. En effet, le double champion du monde avait enfin trouvé son rythme, tutoyant les 70 mètres au javelot, et la qualification olympique se rapprochait à grands pas.
Pour la victoire, Johannes Erm semblait intouchable. Mais deux médailles, ça ne mange pas de pain. Restait néanmoins le 1500 mètres pour départager les postulants. Rapidement largué, Mayer a abandonné l'idée du podium, les minima validés suffisant, et a terminé en footing. Pas vraiment dans l'esprit olympique. Makenson Gletty, lui, a souffert sur cette dernière épreuve, mais lui a fait l'effort de tout donner pour battre son record personnel (8608 points) et décrocher une superbe médaille de bronze.
Innatendue Maraval, monstrueux concours du triple
Les espoirs de médailles étaient modérés sur les autres épreuves de soir. Sur 400 mètres haies, Karsten Warholm a comme prévu survolé une finale sans Français, battant le record des Championnats.
Sur la course femmes, Louise Maraval était candidate au podium, la victoire étant réservée à Femke Bol. La Néerlandaise a clairement couru dans une autre catégorie, broyant la concurrence, mais la Française, pas destabilisée par l'avion Oranje, a livré une course remarquable. Dans le coup pour la médaille à l'entrée de la dernière ligne droite, elle a placé une accélération dévastatrice pour aller cueillir une magnifique médaille d'argent !
Au triple saut, on retrouvait trois Bleus en finale, la discipline étant historiquement dense dans l'Hexagone. Benjamin Compaoré a raté la mise, mais Thomas Gogois et Jean-Marc Pontvianne ont réussi à décrocher trois essais supplémentaires. Mais alors que le podium semblait hors de portée, Gogois a repoussé ses limites, franchissant la barre de 17 pour la première fois, et retombant à 17.38 mètres ! Une marque qui lui a offert une médaille de bronze totalement inattendue.
Le tout dans un concours légendaire, dans lequel le grand favori Pablo Pichardo pensait avoir tué le concours avec 18.04 m, mais l'inattendu Jordan Alejandro Diaz Fortun a réussi l'impensable : 18.18 m, la troisième meilleure marque de l'histoire ! À 12 cm du mythique record du monde de Jonathan Edwards, l'Espagnol a été extraordinaire.
Mal embarqué, passant 2.25 à son troisième essai, Gianmarco Tambieri a pourtant fini par remporter comme prévu la hauteur, lui le roi de Rome devant un public totalement acquis à sa cause, qu'il a récompensé en faisant le show jusqu'au bout, jusqu'à faire croire à une rupture du Tendon d'Achille alors qu'il venait de passer 2.34 m, et qu'il avait déjà concours gagné. Puis en passant 2.37 au premier essai, faisant exploser le stade et battant le record des Championnats au passage. Une star de l'athlétisme, une vraie.
Restait le 200 mètres femmes, avec une dernière Française, Hélène Parisot, en progression fulgurante ici, mais qui semblait encore un peu courte pour un podium. Pourtant, derrière la tenante Mujinga Kambudji qui conservait son bien et Dina Asher-Smith, la Tricolore, sorti 3e du virage, va conserver cette position après une ligne droite de toute beauté. Inattendue, épatante, à l'image de l'athétisme français, qui rajoute 4 médailles avant la dernière soirée espérée aussi entraînante.