Plus

Arensman s'impose en solitaire à Superbagnères, Pogacar reste en jaune, Evenepoel abandonne

Thymen Arensman
Thymen Arensman Loïc Venance / AFP
Membre de l'échappé matinale, Thymen Arensman a parfaitement géré les 4 ascensions entre Pau et Luchon-Superbagnères pour s'imposer en solitaire. Alors que Remco Evenepoel a abandonné, Jonas Vingegaard a attaqué Tadej Pogacar, sans succès.

Au lendemain d'un chrono en montée qui a assis la supériorité de Tadej Pogacar (EAU-Team Emirates), cette 14e étape entre Pau et Luchon était digne d'un film d'horreur pour quiconque aurait les grosses cuisses. Tourmalet, Aspin, Peyresourde et la montée finale vers Superbagnères : il y avait de quoi avoir les jetons. En plus, les 70 premiers kilomètres étaient en faux plat constant, avec 500 mètres de dénivelé jusqu'au sprint intermédiaire, unique occasion pour les sprinteurs de s'amuser un peu avant d'en baver dans le grupetto. 

Après que Jonathan Milan (Lidl-Trek) s'est imposé, Remco Evenepoel (Soudal-Quick Step) s'est garé dès les premières rampes du Tourmalet (18,9km à 7,4% de moyenne, Hors catégorie). Une échappée s'est formée avec notamment Lenny Martinez (Bahrain Victorious), excellent 9e la veille et parti pour subtiliser officiellement le Maillot à pois qu'il porte par procuration. Après un regroupement, il est parti avec Ben O'Connor (Jayco AlUla) qui a fait le deuil de ses ambitions au géneral pour viser les étapes. Mais rapidement, l'Australien a été décroché et Martinez est parti dans un raid solitaire. 

Plus bas, Evenepoel a finalement mis pied à terre, lessivé, abandonnant sa troisième place au général et ses espoirs. 

Dans les nuages, le brouillard et la bruine, Martinez a basculé en tête au sommet du Tourmalet, tandis que le groupe de poursuivants où figurait le Norvégien Tobias Johannessen (Uno-X Mobility), désormais 7e du général, était à un peu moins de 2 minutes, sans réel danger pour le peloton des favoris, à 3'30 du Français. 

Sur une chaussée glissante, Martinez est descendu les mains sur les cocottes, une prudence nécessaire qui lui a rapidement coûté 30 secondes. Au pied d'Aspin (5km à 7,4% de moyenne, 2e catégorie), son avance est passée sous la minute tandis que Valentin Paret-Peintre (Soudal-Quick Step) et Sepp Kuss (Visma-Lease a bike) étaient à ses trousses. Et avec une vingtaine d'avance au sommet, il ne faisait guère de doute que ce serait bientôt un trio qui serait en tête, ce qui fut le cas au début de la descente. 

La montée de Peyresourde (7,1km à 8,1% de moyenne, 1re catégorie) n'avait pas encore débutée pour les échappés que Pogacar a demandé à ses équipiers de durcir l'allure. Alors que le groupe Johannessen était à portée de tir de Martinez, Paret-Peintre et Kuss, l'écart avec le peloton Maillot Jaune est tombé à 2'45 au pied de la troisième difficulté du jour. 

Devant, Thymen Arensman (INEOS-Grenadiers) a assuré le train et fait sauter notamment Simon Yates (Visma-Lease a bike), Ener Rubio (Movistar), Michael Woods (Israël-Premier Tech) et O'Connor. Enfin en forme, Pavel Sivakov a joué son rôle de gregario de luxe pour "Pogi" à la suite de Nils Politt et l'écart est rapidement passé sous les 2'15... avant de ralentir de rythme et rendre les 30 secondes reprises. 

Arensman a alors tenté le tout pour le tout à 4 kilomètres du sommet, accompagné de Martinez et Johannessen qui ont tenu quelques hectomètres avant de baisser pavillon. Le Néerlandais s'est envolé, si bien que l'ascension vers Superbagnères serait un mano a mano avec le peloton. Et avec près de 3'40 d'avance au sommet de Peyresourde et malgré une descente sur une asphalte détrempée, Arensman semblait tout à fait capable de tenir dans cette escalade de 12,9km à 7,5% de moyenne (hors-catégorie). 

Le faux-plat qui a annoncé le pied de cette montée finale a été fatal pour Matteo Jorgenson, 10e au général et surtout l'un des sherpas de Jonas Vingegaard (Visma-Lease a bike). 

À la moitié de la montée, Arensman comptait 2'40 d'avance et Felix Gall (Décathlon-AG2R) a décidé d'accélérer pour prendre une vingtaine de secondes d'avance sur le groupe Maillot Jaune qui venait de perdre Jhonathan Narváez, ce qui laissait encore Adam Yates à Pogacar pour l'emmener au point d'impact. 

Vauquelin a cédé du terrain à 5 kilomètres de l'arrivée, alors que les pourcentages les plus difficiles se profilaient. Sous l'arche des 4 kilomètres, Vingegaard a attaqué, Pogacar a suivi et Florian Lipowitz (RedBull-Bora hansgrohe) a lissé son effort pour revenir sur le duo. Le podium final du Tour se dessinait. L'escapade de Gall allait s'achever quand Pogi a accéléré à son tour, suivi par son dauphin qui a contré, sans davantage de succès. 

1'30 suffirait-elle à Arensman à moins de 2 kilomètres de l'arrivée ? Ce fut le cas et le Néerlandais a eu tout le temps de savourer le plus beau succès de sa carrière, au terme d'un modèle de gestion de l'effort tout au long de la journée. Arrivés ensemble, Pogacar et Vingegaard se sont faits le sprint : le Slovène a gagné 6 secondes supplémentaires en réalisant une cassure à laquelle se sont ajoutées 2 secondes de bonification. 

Au bout de l'effort, Vauquelin a terminé 10e et conservé sa 5e place du général devant Primoz Roglic (RedBull-Bora hansgrohe).