Le cyclisme des années 2000 va perdre l'un de ses plus glorieux fleurons. Alejandro Valverde, 42 ans, va enfin s'arrêter, même si on sent le déchirement dans une telle décision. Après tout, il vient encore de terminer 13ème de la dernière Vuelta. Un énième symbole de sa longévité exceptionnelle.
L'Espagnol est professionnel depuis 2002, et depuis 2002, il joue les premiers rôles. Pour preuve, son titre de vice-champion du monde en 2003. Sa course. Celle après laquelle il aura couru toute sa carrière, avant d'enfin atteindre le Graal en 2018, pour son septième podium dans les Mondiaux - record absolu -.
Des chiffres qui donnent le vertige
Pour donner une idée de son importance, samedi encore, il était le seul coureur au XXIème siècle à avoir remporté en carrière un Grand Tour (Tour d'Espagne 2009), un des Monuments du cyclisme (Liège-Bastogne-Liège, à 4 reprises), et la course en ligne des Mondiaux. Remco Evenepoel l'a rejoint dimanche.
Dans son palmarès, on trouve toutes les preuves que l'Espagnol est l'un des coureurs les plus doués de sa génération : 17 étapes sur les Grands Tours, des classiques à la pelle (5 fois la Flèche Wallonne, 2 fois la Clasica San Sebastian), de grandes courses par étape (2 Dauphiné Libéré, 3 Tour de Catalogne).
Alejandro Valverde, c'est surtout l'homme des records. Plus grand nombre de Top 10 sur les Grands Tours (20) et sur la Vuelta (12), plus grand nombre de succès à la Flèche Wallonne, et surtout plus grand nombre de victoires au classement UCI Pro Tour, avec 4 succès (2006, 2008, 2014, 2015).
Toujours cette suspicion
Mais Alejandro Valverde, comme beaucoup de coureurs de cette génération, c'est l'ombre du dopage qui plane. L'Opération Puerto, cette affaire qui a entaché les années 2000 un cyclisme qui se relevait à peine des années Armstrong, et pour laquelle l'Espagnol aura payé un lourd tribut avec une suspension de deux ans.
Jamais contrôlé positif, il aura dû accepter la suspension. Mais est reparti ensuite pour une seconde partie de carrière tout aussi triomphale que la première. Il restera de toute façon beaucoup de zones d'ombre autour des coureurs de cette époque, qui ne seront sans doute jamais élucidées.
L'adieu d'un champion
Déjà, lors de la dernière Vuelta, lui et Vincenzo Nibali, un autre glorieux ancien qui arrêtera aussi sa carrière au Tour de Lombardie, Valverde avait reçu un adieu à la hauteur de sa carrière.
Le voilà donc prêt à ranger la bicyclette, puisque son équipe vient de donner le programme de ses dernières courses : la Coppa Agostoni le 29 septembre, le Tour d'Emilie le 1er octobre, des Trois vallées varésines le 4 octobre, et donc le Tour de Lombardie le 8, son ultime monument, une des courses qui s'est refusée à lui (trois fois deuxième).
Nul doute que l'émotion sera au rendez-vous. Une telle figure, un tel palmarès, une telle notoriété ne s'en vont pas dans l'anonymat. Un Monument du cyclisme est la scène parfaite pour la retraite d'un héros, toujours critiqué, souvent imité, mais jamais égalé, tant sa polyvalence, sa grinta et son palmarès en font un coureur unique. Bonne retraite, "El Bala".