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Aitana Bonmatí, les superlatifs commencent à manquer

Aitana Bonmatí après son but contre l'Allemagne
Aitana Bonmatí après son but contre l'AllemagneMiguel MEDINA / AFP

Revenue d'une méningite juste à temps pour débuter l'Euro, Aitana Bonmatí a retrouvé la pleine mesure de ses capacités quand ça comptait vraiment, lors des matches à élimination directe. Passeuse décisive géniale contre la Suisse, buteuse exceptionnelle contre l'Allemagne, la double Ballon d'Or est à un match de compléter son incroyable palmarès.

C'était il y a moins d'un mois. Dans un post publié sur les réseaux sociaux, Aitana Bonmatí expliquait souffrir d'une méningite. À quelques jours de l'entrée en lice de la Selección, son Euro semblait fort compromis. Remise juste à temps après 4 jours alitée avec 50 de fièvre, elle n'a pas été ménagée par Montse Tomé avec une entrée en jeu contre le Portugal à la 80e minute, une mi-temps contre la Belgique et l'intégralité du troisième match contre l'Italie alors que la qualification et la première place étaient acquises.

Pas de pitié, malgré une saison XXL qui s'est prolongée ad nauseam après la finale de la Ligue des champions perdue par le Barça contre Arsenal, la fin de la phase de groupes de la Ligue des Nations et la finale de la Copa de la Reina placée inopportunément le 7 juin, petit cadeau de la Fédération toujours désireuse de mettre les joueuses dans les meilleures conditions avant une échéance internationale. 

Montée en puissance

L'influence sur le jeu de Bonmatí est rapidement revenue et son heure est immanquablement arrivée lors des matches à élimination directe. Il fallait bien ça à l'Espagne car, après deux cartons inauguraux contre le Portugal (5-0) et la Belgique (6-2), la mécanique s'est enrayée. Après une victoire quelconque et longue à se dessiner contre l'Italie (3-1), la Roja a pataugé contre la Suisse, amphitryon bien plus accrocheur que prévu et porteur de grands espoirs pour la suite. Possession écrasante et circuits de passes stériles : le meilleur du cliché était réuni et le temps commençait à devenir long. L'entrée d'Athenea del Castillo a débloqué le tableau d'affichage, trouvée par une talonnade géniale de Bonmatí, désignée MVP du match.

Les deux joueuses ont inversé les rôles en demi-finale, dans une prolongation irrespirable, marquée par l'incapacité de Tomé et son staff à comprendre le match qui se déroulait sous leurs yeux, tandis que l'Allemagne amenait l'Espagne là où elle le souhaitait depuis le début : vers une séance de tirs au but. De nouveau, le jeu n'a pas été efficace et c'est l'équipe de Christian Wück, malgré les blessures et les suspensions, qui s'est procurée les meilleures opportunités. 

Les changements procédés pendant le match ont été largement inefficaces car ils sont récurrents et donc lisibles. Il a fallu attendre la 104e minute pour que Tomé comprenne qu'il était temps de faire entrer Cristina Martín Prieto pour imposer sa taille et sa carrure entre les deux centrales allemandes. Ce n'est pas un hasard si c'est grâce à cet apport dans l'axe que le jeu sur les côtés a enfin eu de l'impact.

Mais il a surtout fallu un double coup de génie de Bonmatí pour valider la qualification de la Selección. Cela a d'abord permis à del Castillo d'être créditée d'une passe décisive après avoir gaspillé une occasion de contre en faisant le mauvais choix quelques secondes plus tôt. Cela a ensuite permis de rappeler que, quand le jeu devient dur, c'est Bonmatí qui prend les choses en main, à la fois dans la conduite du jeu, mais aussi par son leadership et par sa capacité à trouver l'inspiration qui débloque la situation.

Ce but est, pour le moment, celui qui restera gravé dans les mémoires, même si del Castillo contre l'Italie, Cristiana Girelli contre le Portugal ou Claudia Pina contre la Suisse ont signé des réalisations superbes. Mais aucun ne revêt un moment aussi cathartique que cette feinte enchaînée d'une frappe laser dans un angle impossible. Si l'Espagne l'emporte, Bonmatí deviendra de nouveau la candidate numéro 1 pour le Ballon d'Or pour devenir la première triple détentrice du trophée. Cela signifiera qu'elle aura soulevé le dernier trophée qui manque à son gigantesque palmarès et que la game changer aura fini le game.