À quoi rêvent les légendes ? À devenir encore plus légendaire pardi ! À 46 ans, Manny Pacquiao remonte dans le ring ce samedi au MGM Grand de Las Vegas pour affronter Mario Barrios, tenant de la ceinture WBC des welters. Champion du monde dans huit catégories, exploit majuscule, "Pacman" a tout vécu, comme boxeur mais aussi comme personne, lui le reborn christian devenu sénateur avant de faire une incursion dans le basket comme joueur.
4 années après son dernier combat, Pacquiao revient en mode George Foreman, toujours flanqué de Freddie Roach, son éternel homme de confiance. Et, pour la première fois, ce sera dans la peau d'un Hall of Famer intronisé en juin dernier en compagnie notamment d'Anne-Sophie Mathis.
Battre Foreman pour viser Hopkins ?
Depuis sa défaite contre Floyd Mayweather il y a 10 ans, Pacquiao a certes été battu par Jeff Horn en 2017 mais il a aussi plié de grands noms : Tim Bradley et Jessie Vargas en 2016, Lucas Mathysse en 2018, Adrien Broner et Keith Thurman en 2019.
Sa dernière sortie, en 2021, s'est achevée par une défaite aux points contre Yordenis Ugas. Et, à cette époque, en plus du changement d'adversaire (il devait initialement défier Errol Spence Jr), Pacquiao était en campagne pour devenir... président des Philippines. Dans les colonnes de Ring Magazine, Justin Fortune, assistant de Roach, est revenu sur cet échec prévisible : "le dernier combat a été un désastre. Il était candidat à la présidence et essayait de se battre pour un titre mondial. Qui fait ça ? Puis l'adversaire a changé. C'était le chaos". Et non seulement, il a été battu mais, en plus, il n'a obtenu que 7% des voix.
Homme politique, businessman, sportif tout à la fois, Pacquiao s'est souvent dispercé par le passé, avec une vie dissolue qui a failli lui coûter son mariage avec de retrouver la foi. Mais on ne devient pas l'un des plus grands boxeurs de l'Histoire sans rigueur. Et quatre ans après avoir annoncé sa retraite, le voilà de retour pour faire mieux que Foreman, redevenu champion du monde à 45 ans et 299 jours, précisément au MGM Grand de Las Vegas, contre Michael Moorer (KO10 pour les ceintures WBA et IBF des lourds). S'il y parvient, il aura en ligne de mire le champion incontesté en la matière, "The Executioner" Bernard Hopkins qui s'était emparé des ceintures WBA et IBF des mi-lourds en 2014 après avoir battu aux points Beibut Shumenov.
"Pour celui-ci, il est concentré à fond, certifie Fortune qui travaille avec Pacman depuis plus de 20 ans. Il est plus rapide que quiconque. Il l'a toujours été. Sa puissance est quasiment la même. Il est incroyablement fort. Mais il est concentré et heureux, et un combattant heureux est un combattant extrêmement dangereux".
Arrivé à Los Angeles au célèbre Wild Card Boxing Club de Roach dès le 19 mai, Pacquiao est bien décidé à renverser Barrios, de 16 ans son cadet et favori à 3 contre 1. Pour Fortune, le travail accompli est digne du training camp réalisé en 2018, quand Matthysse, énorme puncheur argentin (36 KO infligés sur ses 39 victoires), a été concassé à Kuala Lumpur, avec trois knock-down aux 3e, 5e et 7e rounds avant d'être arrêté.
Pacman a tout à gagner et strictement rien à perdre. En revanche, Barrios ne veut surtout pas être celui qui entre dans l'Histoire pour avoir perdu. Après son match nul contre Abel Ramos en novembre dernier, il peut cette fois-ci faire coup double : la victoire et en bonus contre une légende. Mais dans une catégorie où il n'est classé que 16e par Boxrec (David Papot est 12e, Souleymane Cissokho est 8e), "El Azteca" a tout de la proie parfaite pour Pacquiao. Ce rendez-vous constitue le point d'orgue de sa carrière. Sera-t-il plus fort que les rêves des fans de Pacman ?