Cela s'appelle-t-il de la nostalgie ? Peut-être. Quand la réalisation a offert un plan large des tribunes du Philippe-Chatrier lors du premier changement de côté, nous nous sommes replongés avec émotion dans la période COVID, quand les matches se disputaient à huis-clos. Sauf que nous sommes en 2025, qu'il s'agit d'un 1/4 de finale avec Iga Swiatek, triple tenante du titre à Roland-Garros, et Elina Svitolina qui vient de battre rien de moins que Jasmine Paolini. Difficile de faire la promotion du tennis féminin quand on n'a de cesse de le déprécier alors que les matches sont assurément plus disputés que bon nombre de night sessions masculines... Tout le monde voit le problème mais personne ne cherche de solutions et ce n'est finalement pas un hasard si la France est absente du Top 50 mondial.
Un score trompeur
Bousculée par Elena Rybakina au point d'être aux portes d'une élimination précoce, Swiatek a concédé une balle de break d'entrée, sans céder sa mise en jeu. Au contraire, la Polonaise a mis Svitolina sous pression, en convertissant sa toute première opportunité pour mener 3-1. Pour autant, l'Ukrainienne a répliqué sans le jeu de retour suivant. Pendant près de 15 minutes, Swiatek a été mise sous pression, contrainte d'écarter deux balles de debreak. En face, Svitolina recherchait l'épreuve de force pour déborder en cadence et entrer dans le terrain. Cependant, la tête de série nº13 en a laissé chemin et la Polonaise a finalement pu confirmer son avantage (4-1).
Swiatek était finalement plus souveraine en retour, et sa précision en passing lui a permis de s'offrir quatre balles de double break. Dans un état d'esprit diamétralement opposé à celui vu pendant une bonne partie de son 1/8 de finale contre Rybakina, Swiatek a de nouveau pris l'engagement adverse. Si le premier coup de raquette de Svitolina était souvent réussi, la capacité de la reine de la Porte d'Auteuil à se dégager pour relancer a fait la différence, d'autant que l'Ukrainienne s'est précipitée, ce qui en termes statistiques s'est traduit par un ratio famélique de 4 coups gagnants pour 17 fautes directes (6-1).
Svitolina se saborde
Svitolina a débuté le deuxième set sur son service, ce qui n'était pas vraiment un cadeau après avoir bouclé la première manche avec 62% de points gagnés derrière sa première (8/13) et 33% (4/12) sur sa deuxième. Elle a arraché ce jeu inaugural, non sans avoir écarté une balle de break.
Ce regain psychologique s'est davantage matérialisé sur son engagement suivant, remporté blanc tandis que Swiatek donnait des signes de précipitation. Cela s'est vu notamment à 1-2 30-A quand la Polonaise a hésité et envoyé sa volée de coup droit dans le filet, avant de manquer son revers long de ligne. Cette fois-ci, Svitolina a fait le break pour mener (3-1).
La réplique a été immédiate de la part de Swiatek qui a débreaké puis recollé à 3-3. Poussée à surjouer, Svitolina a tenu son service pour rester devant au tableau d'affichage. Pour autant, la maîtrise semblait clairement du côté de l'ex-numéro 1 mondiale, intenable au moment de gérer la profondeur malgré le vent (4-4). Cela ne l'a pas empêché de montrer des signes d'énervement après que son adversaire est venue conclure au filet.
À 5-4 service Swiatek, l'Ukrainienne n'a pas profité de cette crispation et a offert le premier point alors qu'elle avait le coup ouvert pour conclure le long de la ligne en coup droit. Elle a néanmoins poussé la Polonaise aux avantages, sans la faire craquer. En revanche, Swiatek a vu un interstice s'ouvrir sur le service de Svitolina et, elle, n'a pas gâché l'opportunité de breaker au meilleur moment (6-5). Et alors qu'elle n'avait signé aucun ace, la Polonaise en a enquillé trois pour se qualifier en demi-finale où elle affrontera Aryna Sabalenka dans un choc qui, espérons-le cette fois, aura droit aux meilleurs égards de la part des organisateurs (6-1, 7-5 en 1h43).