Titulaire indiscutable en début de saison en tant que milieu récupérateur, Manuel Ugarte n'est plus au goût du jour du côté du Paris Saint-Germain. Depuis le 6 avril dernier, où il a joué l'entièreté de la rencontre face à Clermont, l'Uruguayen comptabilise 39 minutes en cinq matches. Trop peu pour un joueur qui pouvait compter sur la confiance de son coach il y a quelque temps.
Alors que s'est-il passé ? Eh bien, Luis Enrique semble avoir fait un choix : favoriser la ressortie du ballon et le contrôle du jeu aux efforts défensifs de son joueur. Progressivement, Fabián Ruiz s'est installé en tant que titulaire au milieu de terrain et Vitinha a pris le poste de 6, les deux assurant ainsi une gestion plus sûre dans l'entrejeu.
Des signes annonciateurs étaient apparus en janvier dernier, quand l'Espagnol avait décidé de ne pas aligner l'Uruguayen face à Toulouse lors du Trophée des champions. Questionné sur son absence en conférence de presse, l'ancien sélectionneur espagnol ironisait : "Ugarte ? Aujourd’hui, il a été magnifique : aucun ballon perdu, aucune erreur, parfait".
Le PSG orphelin d'un vrai 6 au Signal Iduna Park ?
Une façon de motiver et de manager comme une autre. En février, Ugarte était interrogé par le site de l'UEFA sur ce qu'attendait de mieux l'Espagnol de lui, notamment sur sa capacité à créer le décalage : "je pense que ce qu'il me demande le plus et ce que j'essaie d'améliorer, c'est précisément ce dont nous parlions, quand j'ai le ballon, d'essayer de le faire circuler, d'aller chercher le ballon là où il y a beaucoup de monde et de l'emmener de l'autre côté, pour que l'ailier se retrouve en un contre un".
Voilà pourquoi le joueur de 23 ans a perdu sa place au fil des semaines : ses lacunes à la passe, à la relance et à créer rapidement. Plutôt travailleur, voire bagarreur, Ugarte se distingue par sa disposition à être le pilier défensif de son équipe, celui qui apporte l'équilibre derrière, dans les situations délicates. Véritable homme de l'ombre, son jeu est, d'une certaine manière, contraire à ce que Luis Enrique veut implanter à son Paris Saint-Germain. Si un Sergio Busquets en fin de carrière a pu être titulaire avec l'Espagne au Mondial 2022, c'est parce que l'Asturien priorise à ce poste-là le jeu aux sacrifices.
Il est vrai que pour pouvoir garder le ballon et avoir une possession de balle élevée, il faut avoir les meilleurs joueurs techniques de votre équipe sur la pelouse. À l'instar du capitaine espagnol au Qatar, c'est Vitinha qui assure aujourd'hui ce rôle de rampe de lancement du PSG. En règle générale, ça fonctionne tant le niveau entre le PSG et les autres équipes de L1 est abyssal. Mais face à une équipe du BVB qui n'a rien à perdre, cette solution est devenue compliquée. Car les Parisiens ont certes eu le ballon, mais pas comme à leur habitude (53 %). Et ils ont été énormément exposés aux contre-attaques et aux transitions, aspect sur lequel Fabian Ruiz ou Vitinha ont du mal à apporter des garanties.
Paris a-t-il donc été orphelin d'un milieu récupérateur de métier au Signal Iduna Park ? Difficile à dire. Le but de Niclas Füllkrug, lui, aurait été compliqué à éviter, étant donné qu'il a été encaissé sur un long ballon entre la défense et l'attaque, dans le dos des défenseurs parisiens. Dans le jeu, par contre, très certainement, les Parisiens auraient été moins sous l'eau avec un joueur de l'ombre tel que Manuel Ugarte. Aussi, cela aurait évité à des joueurs comme Vitinha, très important à la création, la répétition d'efforts vers l'arrière.
Au Parc, le PSG va devoir faire attention aux transitions, c'est une certitude. Ne serait-il donc pas plus judicieux de mettre Manuel Ugarte pour éviter beaucoup trop de contres et avoir un homme pour dissuader les adversaires ? En phase de poules, l'Uruguayen avait été aligné aux côtés de WZE et le Portugais contre les Allemands. Résultat des courses ? 2-0 pour Paris et un Ugarte qui prenait des galons dans ce milieu à trois qui avait de plus en plus confiance. Ce match retour est peut-être le bon moment pour réitérer l'expérience.
